Les taux longs européens se détendent, la fuite vers la qualité se poursuit
Les taux longs européens se sont à nouveau détendus vendredi, les obligations bénéficiant d’une fuite vers la qualité au moment où les marchés actions se retournaient brutalement
PARIS, 14 mars 2008 (AFP)
vendredi 14 mars 2008, par AFP
Les taux longs européens se sont à nouveau détendus vendredi, les obligations bénéficiant d’une fuite vers la qualité au moment où les marchés actions se retournaient brutalement face aux difficultés de la banque américaine Bear Sterns.
A 18H00 (17H00 GMT), le taux du Bund allemand à 10 ans se détendait à 3,729% contre 3,754% jeudi soir, et celui de l’OAT française descendait à 3,926% contre 3,949% jeudi.
Les taux se tendaient en début de séance, alors que les marchés actions européens rebondissaient dans la foulée de la clôture en hausse jeudi à Wall Street.
Mais la tendance s’est ensuite totalement inversée quand Bear Sterns, l’une des banques d’affaires les plus prestigieuses de Wall Street, a dû appeler à l’aide la banque centrale américaine pour obtenir un financement d’urgence.
"Le mouvement de fuite vers la qualité est particulièrement sensible sur les obligations américaines. Bear Sterns est dans une situation très délicate. Il s’agit d’une banque sans réseau, très exposée aux +hedge funds+ et qui est atteinte au cœur de son business", a expliqué Guillaume Sciard, stratégiste obligataire chez Barclays.
Auparavant, les investisseurs avaient noté la stabilité inattendue des prix à la consommation aux Etats-Unis en février par rapport à janvier. Ces chiffres ont agréablement surpris les analystes qui tablaient sur une hausse de 0,2%.
"Cela va légitimer une baisse de taux solide de la Réserve fédérale américaine" (Fed), selon M. Sciard. La Fed rendra mardi sa décision de politique monétaire et une baisse de trois quarts de point semble désormais probable, ce qui porterait les taux directeurs américains à 2,25%.
En zone euro en revanche, l’inflation semble s’installer et a atteint en février 3,3% sur un an, son plus haut niveau depuis plus de dix ans. Là encore, la Banque centrale européenne (BCE) en sort confortée, puisqu’elle justifie le statu quo sur les taux par son souci de lutter contre l’inflation.
"Un bras de fer avec le marché est toutde même en train de s’installer, car le marché considère que la BCE a tort et qu’il y a de vrais risques pour la croissance", a expliqué le stratégiste de Barclays.
"Il est difficile de savoir qui en sortira vainqueur, mais la puissance des marchés est telle que la BCE pourrait baisser ses taux cette année, surtout si l’euro continue à grimper et qu’il atteint 1,60 ou 1,65 dollar", a-t-il ajouté.
L’euro a battu ce vendredi un nouveau record face au dollar, à 1,5688 dollar. Après être tombé sous 100 yens jeudi, le dollar a également atteint un plus bas historique face au franc suisse, tombant pour la première fois sous 1 franc.
Enfin, l’indice de confiance des consommateurs américains, mesuré par l’université du Michigan, est ressorti moins mauvais que prévu, à 70,5 points en mars contre 70,8 points en février.
"Cela peut accréditer l’idée que l’économie réelle tient, ce qui est surtout vrai en Europe, mais le marché obligataire craint que cela ne dure pas très longtemps", a réagi M. Sciard.
Sur le marché britannique, le taux du Gilt à 10 ans s’est détendu, à 4,315% contre 4,354% jeudi.
Aux Etats-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculait fortement à 3,408% contre 3,534% jeudi soir, et celui à 30 ans à 4,350% contre 4,454% jeudi.