Les taux longs européens se détendent malgré des rendements déjà faibles
Les taux longs européens se sont encore détendus lundi, l’effet refuge face à la débâcle des marchés actions étant plus visible sur les obligations à court terme...
PARIS, 17 mars 2008 (AFP)
lundi 17 mars 2008, par AFP
Les taux longs européens se sont encore détendus lundi, l’effet refuge face à la débâcle des marchés actions étant plus visible sur les obligations à court terme que sur celles à long terme, dont les rendements sont déjà très faibles.
A 18H00 (17H00 GMT), le taux du Bund allemand à 10 ans se détendait à 3,688% contre 3,729% vendredi soir, et celui de l’OAT française descendait à 3,907% contre 3,926% vendredi.
Les taux se sont un peu retendus en milieu de séance, alors que les Bourses européennes limitaient légèrement leurs pertes en prenant le sillage d’une ouverture meilleure que prévue à Wall Street.
Mais la tendance s’est de nouveau inversée en fin de séance, les marchés actions repartant très nettement dans le rouge.
"Ca se détend assez nettement sur la partie courte de la courbe, du fait de plusieurs chocs en provenance des Etats-Unis,mais sur la partie longue, il est difficile d’aller plus loin", a déclaré René Defossez, stratégiste obligataire de Natixis.
"Avec une inflation à 3,3% en zone euro, on a des taux réels sur 10 ans qui sont extrêmement faibles", a-t-il ajouté, prenant en exemple le taux du Bund allemand.
Le marché obligataire fait depuis plusieurs semaine office de refuge face à l’aversion au risque des investisseurs et aux difficultés des marchés actions.
Ceux-ci ont été encore frappés de plein fouet par le rachat pour une somme dérisoire de la banque américaineBear Stearns par sa compatriote JPMorgan Chase.
Les mesures d’urgence prises dimanche par la Réserve fédérale américaine (Fed), qui abaissé son taux d’escompte sans attendre sa réunion de politique monétaire de mardi, ont également inquiété les marchés, qui craignent désormaisune crise systémique du secteur financier.
"En plus de ce risque de crise systémique côté financier, on a eu aussi la confirmation que les Etats-Unis sont en récession", a noté M. Defossez, en référence à la série d’indicateurs macroéconomiques décevants outre-Atlantique.
Ce lundi, les investisseurs ont encore noté une baisse de 0,5% de la production industrielle en février par rapport à janvier et la forte détérioration de l’indice de l’activité industrielle dans la région de New York, qui est tombé à -22,2 points.
Le marché s’attend désormais à ce que la Fed baisse ses taux directeurs d’un point de pourcentage, à 2,0% lors de sa réunion de mardi.
"Elle n’a plus trop le choix. C’est forcément un peu du pilotage à vue mais elle doit montrer qu’elle prend toutes les mesures nécessaires pour éviter tout autre problème bancaire lié aux liquidités", a confirmé le stratégiste de Natixis.
Pour lui, "la Réserve fédérale doit donner des signaux, montrer qu’elle peut injecter des liquidités, baisser le coût de la ressource, favoriser et aider les rachats de sociétés financières", comme elle l’a faitpour Bear Stearns.
"Aujourd’hui, il n’est pas complètement déraisonnable de penser qu’elle ira même plus loin. Des taux à 1,25% ne sont pas impossibles à un horizon très proche", a-t-il ajouté.
Sur le marché britannique, le taux du Gilt à 10 ans s’est détendu, à 4,296% contre 4,315% vendredi.
Aux Etats-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculait à 3,299% contre 3,421% vendredi soir, et celui à 30 ans à 4,267% contre 4,348% vendredi.