Les taux longs européens en légère tension, l’appétit pour le risque renaît
Les taux longs européens se sont légèrement tendus jeudi, pénalisés par le rebond des places boursières, certains investisseurs revenant vers les placements à risque après trois mois ...
PARIS, 27 mars 2008 (AFP)
jeudi 27 mars 2008, par AFP
Les taux longs européens se sont légèrement tendus jeudi, pénalisés par le rebond des places boursières, certains investisseurs revenant vers les placements à risque après trois mois de "fuite vers la qualité".
A 18H00 (17H00 GMT), le taux du Bund allemand à 10 ans se tendait à 3,925% contre 3,873%mercredi soir, et celui de l’OAT française remontait à 4,140% contre 4,098% mercredi.
"Le petit rebond des marchés actions, dans la continuité de ce qu’on observe depuis quelques séances, entraîne un petit recul obligataire. Les investisseurs semblent avoir un peu moins d’aversion au risque", a expliqué à l’AFP René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis.
Selon lui, ce regain d’optimisme s’explique à la fois par l’attitude de la Réserve fédérale américaine, "déterminée à soutenir le système financier, quel qu’en soit le prix", et par "l’étonnante résistance de l’économie européenne face au ralentissement américain".
Les bons chiffres publiés mercredi en zone euro témoignent en effet d’une "plus grande résilience que par le passé, grâce aux grands pays émergents et à une très bonne profitabilité globale des entreprises européennes", soulignent dans une note les analystes du courtier Aurel.
"Il n’y a pas de crise immobilière, pas de bulle à corriger, et la demande intérieure joue bien son rôle de relais", permettant à la Banque centrale européenne (BCE) de "jouer sur du velours en continuant à privilégier l’inflation", ajoute René Defossez.
Ce décalage de conjoncture contribue à repousser les espoirs de détente monétaire en zone euro, désormais attendue entre juin et septembre selon les analystes, ce qui prive le marché obligataire de facteurs de soutien à brève échéance.
Seule la hausse de l’euro, revenu flirter avec ses sommets historiques, pourrait "soutenir la spéculation faiblissante sur une baisse des taux de la BCE", en limitant l’inflation et en poussant l’institut monétaire à intervenir plus tôt que prévu, estime John Davis, de la banqueWestLB.
Plus nuancé, M. Defossez juge lui aussi que la hausse de l’euro "sécrète ses propres limites, via les anticipations de baisse des taux", mais doute que la BCE se précipite pour répondre aux doléances de certains gouvernements alors que "la balance commerciale allemande résiste remarquablement à l’euro fort".
Par ailleurs, selon le stratégiste de Natixis, l’appétit des investisseurs pour les placements à risque pourrait ne pas durer, les "incertitudes sur la situation macroéconomique américaine et sur le système financier (n’ayant) pas disparu".
"Le marché cherche un peu sa voie. Mais il semble prématuré de revenir sur les marchés actions, et des accidents type +Bear Stearns+ sont encore à craindre", note-t-il, dix jours après le sauvetage en catastrophe de la banque américaine.
Sur le marché britannique, le taux du Gilt à 10 ans remontait à 4,488% contre 4,429% mercredi.
Aux Etats-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans se tendait également à 3,524% contre 3,494% mercredi soir, et celui à 30 ans montait à 4,375% contre 4,330% mercredi.