Hermès étonné de la position de l’AMF sur l’intrusion de LVMH en son sein
La maison de luxe Hermès a dit mardi à l’AFP être étonnée que l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui enquête sur les modalités d’entrée de LVMH dans son capital en 2010, puisse s’acheminer vers la conclusion qu’il n’y a eu ni manipulation de cours ni délit d’initié.
mardi 12 février 2013, par AFP
Hermès "étonné" de la position de l’AMF sur l’intrusion de LVMH en son sein :
"De notre côté, cela nous étonne", a déclaré Axel Dumas, héritier de la famille Hermès et qui reprendra bientôt les rênes du groupe, interrogé sur des propos du président de l’AMF Gérard Rameix, qui avait laissé entendre en octobre sur BFM Business que ces griefs ne tenaient pas la route.
"On attend les conclusions de l’AMF. On a toujours dit qu’on avait une certaine suspicion sur la façon dont LVMH est entré dans notre capital, et que pour nous cela ne semblait pas dans les règles. Mais on fait confiance à la justice et aux différents organes", a dit M. Dumas.
Parallèlement à l’enquête de l’AMF, Hermès a déposé plainte en justice le 10 juillet 2012 contre LVMH, pour manipulation de cours, délit d’initié et complicité. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Hermès veut croire que cette plainte au moins aboutira.
Les deux cas sont "assezdifférents", a déclaré Axel Dumas mardi à l’AFP.
Interrogé sur la possibilité que la justice sanctionne LVMH même si l’AMF ne le fait pas, M. Dumas a répondu : "Ce serait un peu fâcheux qu’il y ait un avis divergent" entre l’AMF et la justice, mais "nous croyons fortement à l’indépendance de la justice et des juges".
L’AMF a ouvert une enquête fin 2010 sur les modalités de l’entrée surprise de LVMH dans le capital de la maison du Faubourg Saint-Honoré. Elle a notifié en 2012 des griefs à LVMH, ce qui correspond à une sorte d’acte d’accusation. Le dossier doit passer prochainement devant la Commission des sanctions du gendarme du marché parisien. Une décision est attendue "dans le courant de cet été", selon M. Rameix.
LVMH avait annoncé à la surprise générale à l’automne 2010 détenir 17,1% du capital du prestigieux sellier du Faubourg Saint-Honoré, grâce à l’achat de produits dérivés qui n’avaient pas nécessité de déclaration de franchissements de seuils. Il détient depuis 22,3%. Les actionnaires familiaux ont bloqué une majorité de leurs parts dans une holding-forteresse pour éviter une prise de contrôle par LVMH.
"Dans cette affaire, LVMH est a priori resté habilement du bon côté de la ligne. Mais l’AMF peut avoir à redire sur la manière dont le groupe a informé sur ce qu’il faisait", commente une source qui connaît le dossier.
L’AFP n’a pu joindre l’AMF dans l’immédiat mardi.
Le patron de Hermès, Patrick Thomas, 65 ans, qui sera rejoint en juin par Axel Dumas aux commandes du groupe, estime aujourd’hui qu’entrer en Bourse en 1993 fut "une erreur".
"Nous avons fait une erreur en entrant en Bourse, car nous avons depuis été l’objet d’une attaque d’un concurrent qui cherche à mettre le grappin sur l’affaire", a-t-il dit à l’AFP.
"Le combat que nous menons contre la présence de LVMH dans notre capital n’est pas un combat financier, c’est un combat de cultures", a argué M. Thomas. Hermès voit dans LVMH un industriel du luxe avide de profits.