Soros : la possibilité d’un éclatement du système financier existe

Pour le financier George Soros, la possibilité d’un éclatement du système financier existe depuis quelques jours en raison de l’aggravation de la situation sur les marchés

PARIS, 19 sept 2008 (AFP)

vendredi 19 septembre 2008, par AFP

Pour le financier George Soros, la "possibilité d’un éclatement du système financier existe" depuis quelques jours en raison de l’aggravation de la situation sur les marchés et de la fragilité accrue des banques, affirme-t-il dans Le Monde daté de samedi.

"Wall Street ne s’effondre pas, Wall Street est en crise", affirme M. Soros, précisant que "le marché continue à fonctionner".

"En revanche, le fait nouveau depuis quelques jours, c’est que la possibilité d’un éclatement du système existe", affirme-t-il, conséquence de "l’idéologie du laisser faire et de l’autorégulation", qu’il qualifie "d’intégrismede marché".

Pour M. Soros, l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, est largement "responsable" de la crise "parce qu’il a laissé les taux d’intérêt trop bas, trop longtemps" et laissé "libre cours à l’innovation financière, considérant qu’il y avait plus à y gagner qu’à y perdre".

M. Soros juge les autorités de contrôle "également responsables, pour avoir donné trop de liberté aux acteurs des marchés et laissé se développer un marché du crédit monstrueusement étendu".

Il estime que cette crise née au cœurdu système financier "va se transmettre à l’économie réelle", celle des échanges de biens et services.

"Les Etats-Unis sont sans doute déjà en récession, et cela va s’accélérer aux cours des deux prochains trimestres. Les banques ont déjà restreint leurs crédits".

Quant aux Américains, qui ont soutenu la croissance de la première économie mondiale en consommant et en s’endettant, "ils consommeront moins".

En Asie, "les exportations chinoises se réduiront. Les autorités ont les moyens d’agir pour stimuler l’économie grâce à leurs réserves dechanges, mais le feront-elles correctement ?", s’interroge-t-il, allant jusqu’à dire que la crise "pourrait dégénérer en crise politique" en Chine, "comme ce fut le cas en Indonésie en 1998".

En Europe, vu le repli des prix des matières premières, "nous allons entrer en période dedéflation" et M. Soros "pense qu’il serait opportun" pour la Banque centrale européenne de "baisser les taux" d’intérêt.

Pour sortir de la crise, "tout le système financier américain doit être repensé".

"Les banques d’investissement devront s’adosser à des banques de dépôt", "il faudra mettre en place de nouvelles régulations", "le crédit doit être régulé de la même manière que le marché monétaire", "il faut exiger des banques plus de fonds propres", "empêcher les prix de l’immobilier de s’effondrer et limiter les saisies des maisons", recommande-t-il.

Tous droits réservés © FranceTransactions.Com, 2001-2025