Baisse du déficit commercial de la France pour de mauvaises raisons

La légère réduction du déficit commercial de la France sur les 6 premiers mois de l’année reflète le ralentissement économique du pays, en chute libre depuis maintenant deux années.

vendredi 8 août 2014, par FranceTransactions.com (avec AFP)

A mi-année, la France traîne un déficit commercial de près de 30 milliards d’euros et aucun signe net d’inversement de tendance n’est perceptible, en raison de contre-performances industrielles qui n’augurent rien de bon pour la croissance en 2014.

Le déficit commercial s’est creusé en juin à 5,4 milliards d’euros, contre 5,1 milliards d’euros en mai, et s’est établi à 29,2 milliards pour l’ensemble du premier semestre, ont annoncé jeudi les Douanes.

Le solde des échanges commerciaux de la France est déficitaire depuis dix ans : le dernier excédent mensuel remonte à mai 2004 et se montait à 176 millions d’euros. Pour retrouver un excédent en année pleine, il faut remonter à 2002.

"A mi-année, nous sommes au niveau le plus bas depuis 2010", se félicite malgré tout la secrétaire d’État au commerce extérieur Fleur Pellerin dans une interview au Figaro parue jeudi, tout en admettant que la situation était "encore loin d’être satisfaisante".

Le déficit du premier semestre s’est en effet réduit par rapport aux six premiers mois de 2013, mais de 100 millions d’euros seulement.

Selon elle, l’objectif d’un déficit de 53 milliards d’euros en année pleine, contre un peu plus de 60 milliards en 2013, "est tenable". Le déficit commercial annuel de la France tend à se contracter depuis le record de plus de 74 milliards atteint en 2011.

Mais, selon les économistes, c’est presque une fausse bonne nouvelle.

Une baisse du déficit pour de mauvaises raisons

Baisse du déficit commercial de la France pour de mauvaises raisons © stock.adobe.com

Le solde s’améliore en effet non grâce à des exportations florissantes, mais grâce à des importations en baisse, qui suggèrent que la demande intérieure s’affaiblit.

En juin, la progression des importations a été plus forte que celle des exportations, +2,2%, contre 1,8%. Mais les analystes se méfient de ces chiffres mensuels très volatils, qu’une grosse commande ou vente dans l’aéronautique peut facilement faire basculer d’un côté comme de l’autre.

Par ailleurs, de mai à juin, le solde manufacturier s’est détérioré nettement, en particulier pour les produits chimiques et pharmaceutiques, les automobiles et les équipements industriels (mécaniques et électriques), indiquent les Douanes dans leur communiqué, en relevant toutefois l’"exception" constituée par le secteur aéronautique, bien portant grâce à d’importantes livraisons d’Airbus.

Si le déficit s’est réduit en juin pour les produits énergétiques et pour les œuvres d’art (reflux des importations), l’excédent agricole s’est lui renforcé grâce à de plus fortes exportations.

Par zones géographiques, la France a vu son déficit se creuser en particulier dans ses relations commerciales avec le reste de l’Union européenne.

"Le choc de demande italienne se fait déjà sentir ", alors que l’Italie vient de retomber en récession, analyse Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur-crédit Euler Hermes.

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