Plan d’investissement de la BCE : un effet de levier x15 ne fait pas peur à la BCE
Comment injecter 315 milliards d’euros dans la zone Euro, alors que son budget n’est que 21 milliards ? Même pas peur, un petit effet de levier x15 et le tour est joué, ou presque...
mercredi 26 novembre 2014, par Denis Lapalus (avec AFP)
Faîtes ce que je dis, mais ne faîtes pas comme je fais, la BCE parle ainsi...
Les effets de levier sur les crédits ? Un risque ? Pfff... Quand on est une banque centrale, ce genre d’effet de levier multiplicateur de 15 fois ses capitaux propres est une broutille. C’est du moins "en résumé" les propos de Jean-Claude Juncker.
Le nouveau président de la Commission européenne doit présenter son plan de 315 milliards d’investissement promis pendant sa campagne européenne. Le souci est où trouver une telle somme ?
Selon une source diplomatique européenne, la Commission a miraculeusement trouvé comment injecter 315 milliards d’investissements en trois ans. Cela représente 2 % du PIB européen sur trois ans, soit quasiment trois fois plus que le plan de relance de 120 milliards d’euros vendu par François Hollande en 2012 en échange de la ratification du traité budgétaire européen.
De 21 à 315 milliards Le coup de baguette magique repose sur un montage financier pas vraiment sorcier. A partir de 8 milliards trouvés dans des fonds européens existants, cette somme va faire un appel à 8 autres, nous sommes déjà 16, et la bien nommée Banque européenne d’investissement (BEI) va mettre un ticket final de 5 milliards. Les 21 milliards sont trouvés, il reste à appliquer l’effet de levier, ces 21 milliards étant conservés en garantie. Et voici donc 315 milliards d’euros financés, avec 15 fois moins... Vous l’aurez compris, la banque centrale fait absolument ce qu’il ne faut pas faire.
LES PROJETS
Ils seront choisis parmi des listes sélectionnées par les Etats de l’UE. Une "task force" Commission-BEI les choisira en fonction de leur valeur ajoutée européenne, de leur viabilité et de leur valeur économique, et aussi de la possibilité qu’ils puissent débuter d’ici 2017, mais pas en fonction de leur nationalité.
Ils porteront en priorité sur les infrastructures stratégiques, comme le numérique et l’énergie, mais aussi les transports, de même que l’éducation, la recherche et l’innovation.
Une partie du dispositif, soit 75 milliards d’euros, doit être consacrée aux PME et aux entreprises à moyenne capitalisation, qui rencontrent plus de problème que les multinationales pour obtenir des financements sur les marchés.
L’EFFET ATTENDU
La Commission estime que le plan pourrait ajouter de 330 à 410 milliards d’euros au PIB de l’UE, et créer de 1 à 1,3 million d’emplois en trois ans.
Il n’aura en revanche aucun effet sur le budget européen, qui n’aura pas besoin d’être augmenté, ni sur les finances des Etats, puisque la contribution de ceux qui choisiront d’y participer ne sera pas comptabilisée dans leur déficit et leur dette.
Il n’aura pas non plus d’effet sur la note "triple A" dont bénéficie la BEI auprès des institutions financières, grâce à la garantie fournie par le budget de l’UE.