Marché des devises : vers un nouveau scandale de manipulation des cours ?
Les banques ont-elles vraiment changé d’attitude depuis la dernière crise financière ? Le forex (marché des devises) pourrait bien avoir fait les frais d’une entente pour manipulation des cours. Le plongeon récent des devises des marchés émergents ne serait pas si naturel que cela...
lundi 3 février 2014, par Denis Lapalus (avec AFP)
Forex : des soupçons d’entente de manipulations de cours entre établissements financiers
Les soupçons de manipulations sur le marché des devises ont le "potentiel" pour donner lieu à un nouveau scandale au sein du monde la finance, estime le gendarme allemand de la bourse, le Bafin.
"Je crains que le thème (des devises) ne nous occupe pendant encore longtemps. L’affaire du Libor était déjà très grosse, mais les devises ont certainement le potentiel pour un scandale", a déclaré Raimund Röseler, chef de la supervision bancaire au sein du Bafin, dans un entretien publié sur le site du quotidien économique allemand Handelsblatt.
"Cela me terrifie de voir avec quelle cupidité et quelle absence de scrupules certaines personnes ont manifestement agi. Probablement avons-vous purement et simplement sous-estimé l’énergie criminelle", a-t-il ajouté.
M. Röseler n’a toutefois pas souhaité s’exprimer concernant les banques ciblées dans cette affaire.
Marché des devises : de la spéculation à l’état pur
Une enquête internationale menée conjointement par plusieurs autorités aux Etats-Unis, à Hong-Kong ou encore en Europe vise actuellement à faire la lumière sur de possibles manipulations sur l’énorme marché des changes, dont les transactions se montent chaque jour à plus de 5.000 milliards de dollars.
Plusieurs banques ont déjà reconnu être concernées par ces investigations, comme les américaines Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Citigroup ou encore les britanniques Barclays, HSBC et RBS, UBS en Suisse et Deutsche Bank en Allemagne, et certaines d’entre elles ont suspendu certains cambistes.
L’intérêt des enquêteurs pour les devises fait suite au scandale retentissant du Libor et de l’EURIBOR, du nom des taux auxquels les banques se prêtent de l’argent entre elles et qui servent de référence indirecte pour les crédits aux ménages et aux entreprises. L’an dernier, plusieurs instituts avaient été lourdement condamnés aux Etats-Unis et en Europe pour s’être entendus afin de manipuler ces taux interbancaires.