Finance : La dette française est-elle surévaluée ?

La France bénéficie actuellement de taux d’intérêts très faible sur sa dette. Une situation que de nombreux analystes estiment étonnante car elle ne refléterait pas l’état actuelle de l’économie française...

mercredi 29 août 2012, par Jérémie G.

Des taux d’intérêts trop bas ?

Depuis plusieurs semaines, les taux d’intérêts de la dette française sont au plus bas. Le 9 juillet dernier, la France a même pour la première fois de son histoire emprunté à des taux négatifs sur ses obligations à court terme !

Une situation qui peut paraître étonnante alors que la crise de la dette sévit en Europe et que la France a perdu son triple A auprès de l’agence de notation Standard and Poor’s.

C’est en tout cas l’avis des analystes du milliardaire américain, Warren Buffet, spécialiste de la finance et souvent surnommé "le gourou des marchés", qui estiment que "la France est considérablement surévaluée".

Pour John Gilbert, responsable chez General Re-New England Asset Management, la France devrait emprunter à 10 ans à des taux compris entre 4,5 et 5 % alors qu’elle emprunte aujourd’hui à environ 2,25 %.

"Une course aux placements sûrs est en train de se développer", explique-t-il. Une course qui profite aux Etats jugés "sûrs" et qui diminue artificiellement leurs taux d’intérêts, une sorte de bulle spéculative inversée.

La France profite d’un effet d’aubaine

Devant les risques de défaut de nombreux pays européens (Grèce, Espagne, Portugal, Irlande...), les investisseurs surinvestissent dans les placements d’Etats moins risqués comme l’Allemagne ou la France.

De plus, la France présente un avantage incontestable par rapport à l’Allemagne, c’est qu’elle conserve des taux d’intérêts à 10 ans encore intéressants et permet donc un arbitrage favorable entre rendement et sécurité. l’Allemagne de son côté n’offre plus à l’heure actuel un arbitrage aussi favorable en raison de la faiblesse du rendement des Bunds à 10 ans.

Si la ruée des investisseurs vers la dette américaine, anglaise ou allemande est "compréhensible" pour M. Guilbert, il indique que "concernant la France, nous sommes moins confiants".

Malgré tout, l’analyste comprend pourquoi la position française peut intéresser les investisseurs notamment en Europe, puisque la croissance nulle de son PIB au deuxième trimestre a tranché avec la récession moyenne de la zone euro sur la même période.

La situation pourrait donc se poursuivre aussi longtemps que la France se maintient au dessus du "lot" des pays en grosse difficulté en Europe.

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