Taxe sur la bière : une mesure d’équilibre et de santé publique ?
Le gouvernement prévoit une hausse des taxes sur la bière dans un souci de santé publique et d’équilibre vis-à-vis des pays voisins. Une mesure que les brasseurs n’accueillent pas de bon coeur. Détails...
mardi 2 octobre 2012, par Jérémie G.
Taxe sur la bière : qui va trinquer ?
Hier, le ministre du Budget Jérôme Cahuzac et la ministre de la santé, Marisol Touraine ont présenté le projet de loi de finance de la Sécurité sociale (la PLFSS).
Parmi les mesures présentées, les ministres ont annoncé une augmentation des taxes sur la bière, correspondant à 5 centimes sur un demi de bière. Elle rapportera 480 millions d’euros supplémentaires à la Sécurité sociale.
Une mesure justifiée selon le gouvernement par un souci de santé publique mais aussi d’équilibre fiscal vis-à-vis de nos voisins européens.
Tout d’abord, c’est la consommation excessive de bière chez les jeunes que l’Etat espère enrayer avec cette mesure. C’est d’ailleurs pour cette raison que le choix s’est porté sur la bière et pas le vin.
Ensuite, le gouvernement veut rééquilibrer les taxes sur la bière par rapport aux autres pays européens. Aujourd’hui, le droit d’accise sur la bière est "un des plus faibles en Europe : trois centimes par hectolitre et par degré", a expliqué ce matin sur RTL Jérôme Cahuzac.
"Nous passons à huit, ce qui laisse la France parmi les pays ayant les droits d’accise les plus faibles. En Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, ces droits sont beaucoup plus élevés que ce qu’ils seront en France si le Parlement vote la disposition que je lui proposerai", a-t-il poursuivi.
Une mesure qui fait déjà débat chez les consommateurs mais surtout chez certains petits brasseurs qui s’insurgent contre cette hausse des taxes.
Le secteur brassicole en danger ?
Si le gouvernement justifie cette augmentation en donnant l’exemple d’autres pays européens, les petits brasseurs rappel qu’"en Belgique, en Allemagne, en Tchéquie, les petits brasseurs ont une taxation plus faible que les gros".
Les brasseurs déplorent que la bière soit le seul alcool a voir ses taxes augmenter alors que le vin par exemple se voit une nouvelle fois protégé. Selon eux, une augmentation plus légère des taxes mais sur une assiette plus large de l’ensemble des boissons alcoolisées aurait été plus adaptée.
Sur un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros, le secteur brassicole français payait déjà 330 millions de taxes. On lui en réclame désormais 480 millions de plus, alors que prix des matières premières s’envole et que les perspectives sont à la hausse pour l’orge (+ 10%) et le houblon (+ 10 % à + 20%).
"Avec des augmentations de prix de 10 %, 15 % voire 20 % imposées par cette nouvelle taxe, on s’attend à un nouveau repli du marché, ce qui fragilisera d’autant des entreprises familiales qui ont su résister à la vague de concentrations de ces dernières décennies", explique Michel Haag, président du syndicat des brasseurs d’Alsace et président de la brasserie Météor.