Bonus des traders : Natixis, 70 millions d’euros de primes sur 2008, pour 2 800 millions d’euros de pertes !

Natixis alimente toujours la polémique, malgré des résultats catastrophiques et l’aide l’état, le groupe a versé 70 millions d’euros de primes et bonus à ses traders dans le monde entier...

vendredi 27 mars 2009, par FranceTransactions.com

Après la plainte pour "information trompeuse" d’ une centaine de petits actionnaires le semaine dernière, la Banque d’ investissement et de financement Natixis refait la une des journaux avec le versement d’ environ 70 millions d’euros de bonus à ses traders au titre de l’exercice 2008.

Un paradoxe car les pertes du groupe se sont établit à 2,8 milliards d’euros et les rémunérations variables (bonus, primes d’objectif...) des collaborateurs de l’établissement financier sont en baisse de 60%.

Cette information alerte une fois de plus la classe politique sur le problème des bonus versés par des sociétés qui ont bénéficié du soutien de l’Etat ou qui licencient.

En effet, Natixis, filiale commune de la Caisse d’Epargne et de Banque Populaire, fait état de 1 250 suppressions d’emplois en 2008, notamment dans ses activités BFI, dont 130 en France. Par ailleurs, le groupe a encore annoncé mercredi, 166 suppressions de postes supplémentaires dans son activité de conservation de titres. Affectée par la crise, la banque avait été aidée à hauteur de 5,6 milliards d’euros, dont 1,9 milliard venait du plan de soutien au secteur bancaire, via ses deux maison-mères.

Le quotidien les Echos indique que les bonus baisseraient plus en France, que dans le reste du monde (entre 70 et 80%) et qu’ une grande partie de l’enveloppe de rémunération variable aurait été distribuée à des traders en partance.

Le mode de rémunération variable des traders reste seul en cause. Basé sur une valorisation latente de leur portefeuille, et non sur la valeur réalisée (au sens comptable du terme !) des opérations effectuées, un trader en partance en septembre 2008 aura pu empocher un bonus important, sur la base du potentiel de sa stratégie mise en place, alors que deux mois plus tard, son portefeuille aura fait réaliser, des millions d’euros de pertes à la banque.

Ces bonus sont donc versés sans prendre en compte les résultats réels des stratégies mises en place. Qui plus est, la chute des marchés financiers ainsi que les pertes abyssales affichées montrent bien que la couverture globale des risques, n’est pas non plus prise en compte dans le calcul de ces bonus. C’est pourtant bien connu, plus on prend de risques, plus on peut gagner.

Les moins-values latentes ou potentielles qui n’apparaissent que lors de la valorisation des actifs. Le groupe se base sur des valeurs théoriques et rend cette situation très alarmante !

Méfions-nous des amalgames ! Le courant de contestation sur les rémunérations variables des dirigeants des grandes banques, origine de la crise actuelle, avec les stocks-options, est un mécanisme différent des bonus payés aux traders, tout comme la partie variable des salaires des collaborateurs, payées sur atteinte d’objectifs personnels.

Bien que biaisé, comme nous l’avons indiqué plus haut, le système de bonus des traders s’apparente plus à une prime variable en fonction des objectifs personnels à atteindre, et non comme un critère de réussite de l’entreprise. Il n’en reste pas moins vrai que ce mode de rémunération devrait être largement revu afin de pouvoir éviter de verser ces sommes conséquentes, alors que l’entreprise est en pleine déroute, et que l’Etat doit intervenir pour garantir sa survie. Le scandale se nourrit de cette contradiction.

C’est effectivement pour le moins choquant qu’une entreprise ayant reçu le soutien de l’Etat, puisse verser des bonus d’un tel montant ainsi que des stock-options à ses dirigeants. Ces rémunérations variables sont faites pour récompenser une réussite et non un fiasco.

Le gouvernement devrait donc interdire les bonus et stock-options pour les entreprises aidées par l’Etat dès la semaine prochaine.

Les mauvaises nouvelles ne seraient pas encore toutes connues pour Natixis. Cette dernière n’aurait pas encore déprécié l’ensemble de ses actifs immobiliers en portefeuille.

Par ailleurs, pour mettre sans doute un terme à cet échec financier, pour de nombreux épargnants, dans le cadre du plan de sauvegarde de Natixis, le titre pourrait être prochainement retiré de la cote. Cette dernière information, sous réserve de confirmation, n’est cependant pas forcément une mauvaise nouvelle.

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