Argent : 1 Français sur 30 est millionnaire !
Challenges publie aujourd’hui son palmarès des 500 plus grosses fortunes professionnelles. Le magazine économique en profite pour dresser un bilan comptable des fortunes françaises et de l’évolution de l’économie depuis ces 15 dernières années. Analyse des chiffres sur la richesse en France.
mercredi 6 juillet 2011, par Jérémie G.
A l’occasion de la publication de son 15e classement des 500 premières fortunes professionnelles françaises, le magazine challenges dresse un bilan de l’économie française durant ces 15 dernières années.
Des écarts qui se creusent
En quinze ans, alors que le Smic n’a progressé que de +57% et le PIB de +63%, Challenges révèle que le montant minimum pour figurer dans son classement a été multiplié par 4 !
Cet écart phénoménal entre les plus riches et le reste de la populaiton française s’explique notamment selon le magazine par l’évolution de la bourse.
En effet, malgré la crise économique et financière de 2007 et la chute de la banque Lehman Brothers, qui avait entraîné une baisse de 42% de l’indice CAC 40 en 2008, les cours boursiers des grosses entreprises remontent (+20% pour le CAC 40 ces deux dernières années).
Alors que le chômage atteint des sommets en Europe et en France, et que la question des "working-poor" commence sérieusement à se poser, une étude du Crédit Suisse publiée en Septembre annonce que la France possède 2,2 millions de foyers millionnaires. Elle serait ainsi bien en avance sur L’Allemagne et ses quelques 1,6 millions de foyers millionnaires ou l’Italie (1,4 millions) mais derrière les Etats-Unis et le Japon.
De manière encore plus étonnante, l’étude révèle que la France possède la plus grosse densité de millionnaire par habitant puisqu’un français sur trente serait aujourd’hui millionnaire en France !
Des écarts, oui, mais où ?
Challenges rappel qu’entre 1985 et 2005, la France est un des seuls pays développé à avoir vu son écart entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres diminuer.
L’écart se trouve en faite principalement dans la tranche haute des revenus puisqu’entre 1998 et 2005 les revenus des foyers des 10% les plus riches ont augmenté de 9%, de 20% pour les 1% les plus riches, de 32% pour les 0,1% les plus riches et de 43% pour les "mégariches" [1] (0,01% des plus riches), alors que dans le même temps les revenus de 90% des foyers français progressaient de seulement 5%.
De plus, si on regarde les inégalités de patrimoine on se rend compte du creusement du fossé entre les plus riches et les plus pauvres.
L’injustice s’invite dans le débat
Au moment où la réforme de l’ISF a été entérinée, où l’affaire Bétancourt a révélé une imposition moins importante des plus riches et où un rapport de Gilles Carez à l’assemblée nationale a montré que les grands groupes payaient moins d’impôt que les PME (les écart allant jusqu’a plus de 20 points !) la perception d’injustice par la société française est à son comble.
Ce sentiment est d’autant plus exacerbé q’une récente étude de la Société Générale et de Forbes analysant l’origine du patrimoine des grandes Fortunes montrait que 67% des fortunes françaises (les milliardaires) proviennent d’un héritage.
Pourtant, si l’Allemagne est elle aussi dans ce cas (avec 64%), les milliardaires américains et anglais sont des "self-made-men" et constituent respectivement 68% et 80% des milliardaires de ces pays !
Alors que l’Europe à l’image de la Grèce, du Portugal ou de L’Espagne vit des moments très difficiles et où les affaires sur l’imposition des plus riches éclatent de toute part, les réponses apportées à ces différences de traitement entre les riches et les pauvres seront centrales pour l’élection présidentielle de 2012.