Dette souveraine : Pourquoi l’Europe est-elle au centre de la tourmente ?
Voila maintenant des mois, que l’Europe traverse une crise de la dette sans précédent et que le monde entier a les yeux tournés vers elle. Pourtant à y regarder de plus prêt, les chiffres des Etats-Unis ou du Japon semblent bien plus graves que les nôtres. Comment expliquer ce phénomène ?
mercredi 30 novembre 2011, par Jérémie G.
Des chiffres pour relativiser ?
Mardi 15 novembre 2011, la dette américaine dépasse le chiffre vertigineux de 15 000 milliards de dollars soit plus de 42 fois le montant de la dette grecque. Un nombre à relativiser relativiser puisqu’il ne représente "que" 100% du produit intérieur brut (PIB) 2011 des Etats-Unis.
De son côté, la France totalise une dette de 1646,1 milliards d’euros [1] soit 84,5% de son PIB, un chiffre qui devrait s’approcher des 85,5% du PIB à la fin de l’année.
Et si à l’Ouest de la France l’ogre américain est lui aussi empétré dans des problèmes de dette souveraine, ses soucis sont presque ridicules lorsqu’on se penche sur le cas japonnais.
En effet, le pays du soleil levant comptabilise proportionnellement la plus grosse dette de tous les pays développés, atteignant le chiffre record de 200% de son PIB !
A titre de comparaison, la dette de la zone euro est aujourd’hui de plus de 8600 milliards d’euros c’est à dire environ 92% de son PIB (un ratio qui pourrait augmenter d’après les prévisions de l’OCDE). Des chiffres évidemment colossaux mais qui semblent moins inquiétants que les dettes records affichées par les Etats-Unis et le Japon.
Pourtant, depuis plusieurs mois, c’est bien la zone euro qui est au centre de toutes les inquiétudes, des spéculations boursières et qui fait la une des journaux du monde entier.
Alors comment expliquer que tous les regards soient presque exclusivement tournés vers l’Europe ?
Le dollars, seule véritable monnaie internationale...
Les chiffres astronomiques de la dette américaine n’inquiètent apparemment pas trop les investisseurs et surtout ne les incitent pas à spéculer.
Pourquoi ? Parce que le dollars reste la seule véritable monnaie internationale et que les Etats-Unis sont pour le moment protéger par le statut de leur monnaie.
Et si pendant des années on a prêté à l’euro un statut presque identique, on se rend compte aujourd’hui que ce titre était usurpé et que la confiance aveugle des investisseurs pour l’argent d’oncle Sam est un atout majeur pour les Etats-Unis.
Le complot anti-euro ?
Ajouté à cela un tapage médiatique sur l’Europe démesuré et vous obtiendrez une défense très performante, mais qui pourrait très vite s’écrouler.
Sans rentrer dans la thèse du complot, les journalistes sont parvenus a créer une sorte de bulle médiatique autour de la crise de la zone euro dont ils ne parviennent plus à sortir. Cet écran de fumée est aujourd’hui un excellent bouclier pour les Etats-Unis qui détourne complètement l’attention des marchés.
De plus, aujourd’hui, les 3 agences de notation principales sont américaines, et bien qu’elles clament leur indépendance, les vives réactions de l’Union Européenne à leur encontre, les bourdes répétées et l’acharnement dont elles font preuve envers les pays de la zone euro, sont autant d’éléments troublants qui favorisent grandement la pax americana.
Lorsqu’on connait l’influence des agences de notation et du discours médiatique sur les marchés financiers on ne peut pas rester indifférent à l’absence des Etats-Unis sur ce sujet.
Le paradoxe japonais
Le Japon quand à lui s’il présente le bilan comptable le plus catastrophique, fait figure d’exception, car malgré un ratio dette/PIB record, il continue d’emprunter à des taux incroyablement bas.
Avec des taux d’intérêt proche de 1%, le Japon est un des pays qui paye le moins cher alors qu’il est un des plus endettés. Une situation paradoxale qui s’explique par la très forte participation de sa population au financement de la dette publique.
Le japon n’a donc pas beaucoup recours au marché pour financer sa dette puisque la majorité de celle-ci est détenue par ses habitants.
Une stratégie que la France aurait intérêt à imiter, elle qui détient un des taux d’épargne les plus élevé au monde.