Tickets Restos : nouvelle réforme 2024, ce que va changer la loi
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Edouard Philippe a misé une bonne part de son crédit personnel en activant l’article 49-3 sur la réforme des retraites, menaçant ainsi de réveiller le front social dans un climat déjà tendu pour l’exécutif, entre épidémie de coronavirus et élections municipales.
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Qu’avait exactement en tête Edouard Philippe, en rappelant au détour d’un meeting à Metz mi-février son "attachement à la figure tutélaire de Michel Rocard" ? Etait-ce l’hommage au goût de la réforme et du consensus social, ou un clin d’oeil à celui qui plus qu’aucun Premier ministre utilisa l’arme du 49-3 (28 fois) pour gouverner ? A 30 ans d’écart, les raisons de passer en force sont bien différentes. Et pour Edouard Philippe, à la tête d’une confortable majorité à l’Assemblée et seulement guidé par la volonté d’aller vite, cela constitue un pari politique, tant l’article de la Constitution est devenu marque d’autorité, voire d’autoritarisme. "C’est audacieux", résume auprès de l’AFP le député LREM Guillaume Chiche. "Le Premier ministre doit désormais réussir le dialogue social avec les syndicats. Il a une obligation de résultat et engage sa responsabilité sur cette base", ajoute-t-il. Car Matignon poursuit effectivement des discussions avec les partenaires sociaux, notamment sur la prise en compte de la pénibilité dans la future réforme, qui doivent être intégrées au projet de loi lors de la navette parlementaire, tout comme les conclusions de la "conférence de financement" sur l’équilibre du système attendues d’ici fin avril.
Réponse à partir de lundi matin, et la réunion de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse) qui doit acter rapidement d’une nouvelle journée de grève. De nouvelles manifestations, "on sait que c’est une chorégraphie orchestrée depuis plusieurs semaines", évacue-t-on cependant dans l’entourage du Premier ministre en jugeant que "la ficelle est grosse". M. Philippe encourt aussi de causer des dégâts dans sa propre majorité, alors que plusieurs députés espéraient une concertation préalable avec le groupe. "Il ne faut pas un 49-3 du jour au lendemain", plaidait ainsi un pilier, qui comme d’autres a découvert quasiment en direct samedi l’annonce du Premier ministre dans l’hémicycle. Certes, le Premier ministre ne devrait a priori pas voir son gouvernement renversé à l’occasion des motions de censure de droite et gauche vraisemblablement débattues mardi.
Mais, la mèche du désenchantement pourrait être plus longue alors que la gestion du calendrier de la réforme par Matignon a agacé certains macronistes historiques.
Plusieurs d’entre eux se sont ainsi étonné du refus d’opter pour le "temps législatif programmé" qui permet d’encadrer le nombre d’heures consacré à un texte. D’ores et déjà dimanche, le sénateur des Bouches-du-Rhône Michel Amiel a annoncé quitter La République en marche, estimant que "dégainer le 49-3 un samedi soir en pleine période d’épidémie de coronavirus est quelque chose de pour le moins malheureux". Les oppositions se sont d’ailleurs rapidement emparées de ce thème, en dénonçant la confusion avec la crise sanitaire. "Pour elles, c’est Noël", soupire ainsi un conseiller ministériel, qui s’interroge encore sur la stratégie de mêler samedi coronavirus et 49-3 au Conseil des ministres extraordinaire. "On est dans une démocratie qui doit fonctionner et qui en parallèle vit une crise sanitaire. Est-ce que les deux sont liés ? Non", rétorque-t-on dans l’entourage du Premier ministre, en éreintant "les complotistes".
Dans le même temps, M. Philippe s’est ouvert un autre front personnel en menant bataille pour sa réélection au Havre les 15 et 22 mars, à coups d’allers-retours avec Matignon. "Il y a des Premiers ministres qui se planquent et d’autres qui ne se planquent pas. Il avait envie d’aller au-devant de ses électeurs", assure-t-on dans son entourage. Mais dans un contexte national exacerbé, M. Philippe s’est aussi mis sous la menace d’un vote sanction dans son fief. Preuve en est, sa permanence a été taguée et caillassée samedi soir après l’annonce du 49-3.
Un sondage Ifop attendu cette semaine doit lui permettre d’y voir plus clair, sachant qu’une défaite le contraindrait sans doute à devoir quitter Matignon.
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