⚠️ Attention, cet article a été archivé. Les informations contenues dans cet article ne sont probablement plus à jour.

Truthout.org Flickr
Catherine et Jerry X, associés au sein du même cabinet d’avocats, décident de divorcer, en juin 2009. Depuis le mois de février 2009, M. X soupçonne son épouse d’adultère. En mars, il a installé un logiciel Revealer Keylogger sur son ordinateur portable, à son insu.
.
.
Ce logiciel permet d’envoyer sur un serveur extérieur l’intégralité des données saisies sur le clavier de l’ordinateur espionné. Jerry X découvre ainsi que son épouse s’est créé une adresse personnelle sur le site Yahoo, afin de correspondre avec son amant sans être découverte (les mails professionnels transitant par Outlook et ayant pour adresse le site xxx-avocats.fr). Après en avoir obtenu le mot de passe, il la consulte, et transcrit leur correspondance. A l’occasion de la procédure de divorce, il en produit plusieurs extraits.
Mme X porte plainte au parquet de Nantes le 26 décembre 2011. Une enquête judiciaire confirme les constatations d’un informaticien, relatives à la présence du logiciel espion. En avril 2012, M. X indique aux services de police que l’utilisation du logiciel lui a permis d’accéder à la correspondance de sa femme avec son amant ; « Ce qu’elle écrivait était édifiant (…) elle lui lui envoyait des messages qui montraient de façon évidente leur relation extra-conjugale. »
Jerry X est poursuivi pour atteinte au secret des correspondances émises par voie électronique et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données.
.
.
Atteinte au secret des correspondances
L’article 226-15 du code pénal punit d’un an d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende « le fait, commis de mauvaise foi, d’intercepter, de détourner, d’utiliser ou de divulguer des correspondances émises, transmises ou reçues par la voie des télécommunications ou de procéder à l’installation d’appareils conçus pour réaliser de telles interceptions ».
La loi incrimine le maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données de la part de celui qui y est entré par inadvertance ou de la part de celui qui, y ayant régulièrement pénétré, s’y est maintenu frauduleusement. L’article 323-1 du code pénal le punit de deux ans d’emprisonnement et de 60 000 euros d’amende.
Le tribunal correctionnel déclare M. X coupable du premier chef, (tout en ne lui infligeant que 1000 euros d’amende), mais le relaxe du second. M. X ainsi que le procureur de la République font appel de cette décision.
M. X conteste être coupable d’atteinte au secret des correspondances. Il assure que les messages qu’il a produits lors de la procédure de divorce figuraient sur le disque dur de l’ordinateur de sa femme – ce que cette dernière conteste. Il les aurait ouverts en pensant avoir affaire à des documents professionnels. Mais un officier de police judiciaire a indiqué que leur adresse URL prouve une consultation directe de la boîte mail Yahoo. Or cette dernière était protégée par un mot de passe.
MX fait encore valoir qu’il n’y a pas de vol entre époux. Mais l’immunité prévue pour le vol n’est pas applicable à l’infraction poursuivie. La cour d’appel de Rennes juge le délit caractérisé en ses éléments matériel et intentionnel, le 18 février 2016.
.
.
Maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données
Le parquet reproche à M. X d’avoir accédé et de s’être maintenu frauduleusement dans un système automatisé de données à l’aide d’un logiciel espion. Pour légitimer sa démarche, celui-ci argue de ses fonctions d’administrateur du réseau informatique du cabinet et, comme tel, de responsable de la gestion des mots de passe. Il se prévaut d’impératifs de sécurité. Il se réfère à une notice destinée aux administrateurs, qui mentionne notamment : « Vous pouvez ainsi utiliser Revealer Keylogger pour vous assurer qu’il n’y a aucune fuite d’informations confidentielles, ou pour détecter les activités illégales sur les ordinateurs à votre réseau. »
La cour d’appel de Rennes juge que « le caractère régulier de l’installation de ce logiciel espion ne saurait exonérer le prévenu de toute responsabilité pénale, à partir du moment où il a décidé sciemment de le détourner de sa finalité première et de l’objectif de sécurité affiché, en l’exploitant (…) à des fins purement personnelles pour satisfaire à sa curiosité d’époux, sur un plan purement privé ».
Elle précise que le fait qu’il n’en ait pas informé le collaborateur et les secrétaires du cabinet n’est pas fautif. Mais « qu’il ait laissé à son épouse, intéressée au premier chef, au même titre que lui, par les risques liés à la protection des informations confidentielles recueillies dans le cadre de ses fonctions d’avocat, puisque co-gérante du cabinet exploité en commun, dans l’ignorance totale de cette démarche, caractérise le caractère intrusif et malveillant de sa démarche ».
Elle juge que le délit de maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données est caractérisé, mais ne condamne M. X qu’à une amende de 1000 euros.
Celui-ci se pourvoit en cassation, mais essuie un rejet, le 10 mai.
.
.
.
D’autres articles de Sosconso : Il se fait voler sa voiture de location
ou 20 000 euros pour avoir laissé son chien mordre une promeneuse
ou Son coffre-fort au LCL est dévalisé
ou Elle contracte une infection nosocomiale pendant un traitement de l’obésité
ou La Cour de cassation autorise les comparateurs d’avocats sous condition
ou Quelle prise choisir pour ma voiture électrique ?
ou Divorce : il refuse qu’elle conserve son nom
ou Un peu de bon sens ne nuit pas, même dans un magasin de bricolage
ou Annulation de vol : le passager doit être prévenu deux semaines avant
ou Quand la Caisse d’épargne refuse le dépôt d’espèces
ou Le chèque était à l’ordre de deux bénéficiaires
ou Il a une crise cardiaque pendant un exercice de secourisme
ou Le gérant d’Annuaire FR définitivement condamné
Le passager aérien ne sera plus indemnisé en cas de collision aviaire
ou Veolia condamnée pour avoir coupé l’eau à un handicapé
ou Elle transforme le poulailler en maison, sans permis
ou Une amende pour s’être trompé de wagon
ou Orléans veut faire trinquer ses ivrognes
ou L’employé de banque peut hériter de son client
📧 Newsletter FranceTransactions.com
👉
Abonnez vous à notre lettre quotidienne. Plus de 90.000 lecteurs font confiance à la newsletter de FranceTransactions.com pour mieux être informés sur l’épargne et les placements. Lettre gratuite, sans engagement, sans spam, dont le lien de désabonnement est présent sur chaque envoi en bas du courriel. Recevez tous les jours, dès 9 heures du matin, les infos qui comptent pour votre épargne.
Une question, un commentaire?
Services recommandés par le Guide Épargne