Déficit de la sécu : 16 milliards en 2025, puis 41 milliards d’euros par an d’ici 5 ans

La France n’en finit plus avec ses déficits. Retraites, sécu, budget de l’Etat... Les projections sont affolantes.

jeudi 26 juin 2025, par Denis Lapalus

Alors que le conclave sur les retraites est un échec, c’est au tout de l’Assurance maladie d’annoncer de mauvaises nouvelles. Dans la famille déficit, je voudrais le père... Le déficit de notre système de santé pourrait "atteindre 41 milliards d’euros" en 2030, a indiqué l’Assurance Maladie ce mardi 24 juin.

Alerte déficit

Thomas Fatôme, le directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) sonne l’alerte. Le déficit de l’Assurance maladie, estimé à 16 milliards d’euros pour 2025, pourrait se creuser encore davantage et "atteindre 41 milliards d’euros" en 2030. En cause : le double effet du vieillissement de la population et de l’accroissement des pathologies chroniques, avec des dépenses de santé prises en charge par l’Assurance maladie de 7.700 euros en moyenne par an entre 80 et 89 ans. Pour y remédier, 60 propositions sont sur la table. Elles ont été présentées ce mardi 24 juin dans un rapport remis chaque année au gouvernement et au Parlement en amont de la discussion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). La version finale sera publiée après le vote du Conseil de la Cnam le 3 juillet.

Accentuer la prévention

Certaines pistes évoquées font consensus, comme accentuer la prévention. Des changements d’habitude de vie – en termes de consommation de tabac ou alcool – peuvent ainsi influer sur 40% des cancers. De façon plus générale, une prévention personnalisée s’activerait sur la plateforme "Mon espace santé", en mobilisant toutes les données personnelles répertoriées par l’Assurance maladie avec l’accord de l’assuré. Ce rapport propose aussi d’"interdire les dépassements d’honoraires" pour les actes "en lien avec les dépistages organisés (mammographie, échographie et coloscopie...)". Il est également suggéré de "médicaliser" les Ehpad, alors que 32% des résidents connaissent un passage aux urgences et que seulement la moitié d’entre eux sont ensuite hospitalisés.

Revoir le dispositif des affections de longue durée

En revanche, d’autres mesures feront sans doute débat. Comme réfléchir à une sortie du dispositif des affections de longue durée (ALD) pour des "personnes en situation de guérison ou de rémission de certaines pathologies", comme des "cancers en phase de rémission". Prises en charge à 100%, elles représentent deux tiers des dépenses de l’assurance maladie.

Les cures thermales pointées du doigt

En outre, le rapport recommande de "ne plus permettre la prise en charge à 100% des prestations ou des produits de santé dont l’efficacité ne justifie pas un tel niveau de remboursement – ou qui ne présentent pas de lien avec une ALD, par exemple les cures thermales". La Cnam suit ainsi les préconisations de la Cour des comptes qui demandait le mois dernier le déremboursement des cures thermales prescrites par les généralistes. Elles coûtent chaque année environ 200 millions d’euros à la Sécurité sociale.

Les arrêts de travail dans le viseur

Enfin, Thomas Fatôme a rappelé que "la dynamique des arrêts de travail n’est pas soutenable" pour l’Assurance maladie. "Est-ce qu’à un moment donné, c’est à l’Assurance maladie de prendre en charge l’arrêt d’une personne qui est en conflit avec son employeur alors que ce n’est pas lié à une raison médicale ?", s’est interrogée en écho Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Cnam. Les entreprises qui "se sont investies dans la prévention de l’absentéisme, notamment à court terme — bien être au travail, adaptation du poste, etc — on leur donnerait un bonus et donc on réfléchit aussi à un système de malus", a développé Thomas Fatôme. Le rapport voudrait enfin "intégrer à l’avis d’arrêt de travail, la liste des motifs d’arrêts et les durées associées".

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