Croissance en France : un premier trimestre 2016 attendu en forte hausse (+0,4 %)

L’INSEE confirme le retour de la croissance en France, selon ses estimations dans sa dernière note de conjoncture. Baisse du chômage, hausse de la croissance, le tout sur un fond de baisse des prix des matières premières.

vendredi 18 décembre 2015, par Denis Lapalus

Baisse du climat des affaires en décembre, mais hausse des prévisions pour 2016 !

En décembre 2015, le climat des affaires en France s’infléchit légèrement. L’indicateur qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité, perd un point. Il se situe à 101, un niveau un peu supérieur à sa moyenne de long terme (100) atteinte à l’été. Le climat progresse d’un point dans l’industrie et le bâtiment. Il perd deux points dans les services et quatre dans le commerce de détail.

Des prévisions effectuées sur le prix d’un baril de pétrole à 50$ !

En prévision jusqu’à mi-2016, la croissance resterait solide aux États-Unis et au Royaume-Uni, de nouveau assise sur une demande intérieure vigoureuse. Dans la zone euro, la dépréciation de la monnaie unique, proche de son plus bas niveau depuis 2003 face au dollar, donne un motif d’optimisme supplémentaire quant au rebond des exportations. La politique accommodante de la Banque centrale européenne a également entraîné une baisse des taux d’intérêt, incitant ménages et entreprises à investir davantage. Enfin, le cours du pétrole a atteint en novembre son plus bas niveau depuis début 2009, ce qui renforce le pouvoir d’achat des ménages et la situation financière des entreprises.

Ces impulsions, l’amélioration du climat des affaires depuis le début de l’année et la hausse rapide du pouvoir d’achat des ménages suggèrent une augmentation progressive de la croissance en France. Les attentats meurtriers du 13 novembre à Paris conduisent pourtant à modifier ce scénario à court terme, à cause des craintes qu’ils suscitent auprès des consommateurs et des touristes. De ce fait, l’infléchissement de certaines activités de services serait le principal facteur du ralentissement du PIB au quatrième trimestre, qui n’augmenterait que de 0,2 %. Au premier semestre 2016, ces effets ne pèseraient quasiment plus sur la croissance, sans provoquer pour autant de contrecoup. En outre, les dépenses d’investissement en logement cesseraient quasiment de baisser dès la fin 2015 après plus de deux années de fort recul. Par ailleurs, la situation financière des entreprises, qui s’est déjà fortement redressée en 2015, s’approcherait encore un peu plus de sa moyenne d’avant-crise ; avec des perspectives de demande plus affirmées et le dispositif d’incitation de suramortissement, leurs dépenses d’investissement productif resteraient soutenues.

Au total, l’économie française accélérerait au premier trimestre 2016 (+0,4 %), en conservant ce rythme au deuxième trimestre. Après une année de reprise modérée en 2015 (+1,1 %), l’acquis de croissance pour 2016 atteindrait presque ce niveau dès la mi-année (+1,0 %). Avec la reprise de l’activité et le développement des dispositifs visant à enrichir la croissance en emplois, l’emploi marchand continuerait de progresser d’ici juin 2016. En tenant compte des branches non marchandes, l’emploi total progresserait plus vite que la population active et le taux de chômage baisserait, compensant sa hausse récente pour atteindre en France 10,4.% mi-2016, soit son niveau de mi-2015.

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Divers aléas sont associés à ce scénario. Tout d’abord, les évènements dramatiques de Paris sont venus ajouter, en dehors de l’affaiblissement important et immédiat de certaines branches d’activité, une plus grande incertitude : que les différents agents diffèrent davantage leurs dépenses et cela enrayera plus encore la reprise en cours. À l’inverse, les craintes pourraient se dissiper plus vite qu’attendu. Par ailleurs, les prévisions sur les économies émergentes sont plus fragiles que d’habitude, avec des conséquences sur le commerce mondial : alors qu’un redressement modéré a été anticipé, leurs importations pourraient accélérer fortement par contrecoup de leur chute début 2015 ; un nouveau déclin de la demande émergente ne peut pas non plus être exclu.

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