Crowdfunding, ce mythe collectif, un doux rêve
Penser qu’une entreprise peut appartenir à de multiples petits investisseurs tient du doux rêve. Dans la réalité, les entreprises en développement obtiennent tout juste un appoint via le financement participatif. La levée de fonds grandeur nature se faisant par des leviers bien plus classiques.
jeudi 10 mars 2016, par FranceTransactions.com
Le crowdfunding, un mode de financement à la marge
Le crowdfunding, ou financement participatif, est un des différents moyens de financer une start-up. Selon eCap Partner, qui a réalisé en février dernier le premier baromètre interactif des start-ups du numérique en France avec Cap Gemini, le crowdfunding se développe mais reste faible (6% des levées de fonds de 2015).
Il apparaît également que ce mode de financement est utilisé principalement par les secteurs impliquant un impact local (loisirs et tourisme notamment).
Historiquement, le crowdfunding était dédié aux sociétés BtoC, sur des montants limités (<500k€), avec un acte d’investissement assimilable à de la pré-commande. Aujourd’hui la pratique devient moins marginale, sous l’effet de l’explosion du nombre d’acteurs, et de leur spécialisation : au niveau sectoriel avec Fosburit uniquement présent sur le sport, Miimosa sur l’agriculture, ou bien MyMajorCompany sur la musique ; et des modèles : crowdfunding en equity, crowdlending (prêt), funding "reward-based", etc. remarque Numa Bourragué, directeur Associé de eCap Partner, banque d’affaires spécialiste du numérique.
Un mythe collectif
Ce mode de financement issu d’un mythe collectif -* un financement par tout un chacun des entreprises de tout un chacun -* permet ainsi de compléter dans certains cas le trou de financement pour des montants de quelques centaines de K€ et / ou de faibles maturités, et surtout de valider un concept en amont de son développement.
- des participations financières sur des sociétés adossées aux véritables entreprises
Dans la plupart des cas, les particuliers pensant investir dans l’entreprise de leur chois ne réalisent pas qu’ils investissent en fait dans une structure juridique créée ex-nihilo pour la seule levée de fonds. Cette dernière étant adossée à l’entreprise cible. Juridiquement, ils ne sont donc pas actionnaires de l’entreprise, mais d’une société de financement de cette entreprise. Ce qui veut qu’en cas de succés fulgurant, ils n’auront pas les retours financiers auxquels ils peuvent naïvement s’attendre...
- des échecs dont on parle peu
Cependant, il n’est pas voué à remplacer les acteurs institutionnels, du fait notamment d’une capacité d’investissement et par essence d’un niveau de professionnalisation moindre. On évoque ainsi très souvent les succès stories liées au crowdfunding, mais il y a aussi des échecs.
C’est pourquoi, il est important de partager avec les potentiels investisseurs des outils et des services pertinents afin d’évaluer la viabilité des projets qu’on leur présente.
Il faut toutefois noter que les troisièmes Assises de la finance participative, qui se dérouleront à Bercy le 29 mars prochain, pourraient préciser les modalités et ouvrir la pratique aux personnes morales. Les acteurs du secteur souhaitent notamment développer ce financement aux SARL, investisseurs institutionnels et autres personnes morales.