Livret A : réforme illisible et exposée à la censure de Bruxelles

Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit Lyonnais, estime que la réforme du Livret A est dangereuse pour le financement du logement social, totalement illisible et exposée à la censure

PARIS, 5 mai 2008 (AFP)

lundi 5 mai 2008, par AFP

Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit Lyonnais, estime que la réforme du Livret A est "dangereuse" pour le financement du logement social, "totalement illisible et exposée à la censure" de Bruxelles, dans une interview à paraître mardi dans les Echos.

Cette réforme, intégrée dans le projet de loi de modernisation de l’économie (LME), prévoit notamment l’extension à toutes les banques de la distribution de ce produit d’épargne réservé jusqu’à présent à la Banque Postale, à la Caisse d’Epargne et au Crédit Mutuel (Livret Bleu).

Les sommes, actuellement centralisées à 100%par la Caisse des dépôts (CDC), et qui servent au financement du logement social, ne le seraient plus qu’à hauteur de 70%, le solde restant à la disposition des banques. La rémunération des banques pour la collecte a été fixée à 0,6% des sommes déposées.

"Les banques n’ont pas besoin d’accéder à la liquidité. C’est un cadeau supplémentaire qu’on leur fait", juge M. Peyrelevade, un proche du président du Modem François Bayrou. "On parle quand même de 60 à 70 milliards d’euros de collecte non-centralisée", ajoute-t-il en estimant que cela correspond à "1 à 2 milliards de résultats supplémentaires" pour les banques.

Il estime que la réforme "pourrait préfigurer un éclatement total du système" actuel de financement du logement social, en craignant que les banques demandent à terme "d’octroyer directement les prêts au logement social". "Or je ne crois pas qu’un promoteur classique puisse répondre aux missions que remplissent aujourd’hui les organismes HLM", ajoute-t-il.

M. Peyrelevade juge le texte "contraire à toutes les règles bruxelloises". "Il n’est prévu, pour les sommes non centralisées, aucune contrepartie en terme d’utilisation. Comment dès lors justifier une dépense fiscale sur des dépôts dont les banquiers gardent la libre disposition ? Cela ressemble furieusement à une aide d’Etat", lance-t-il.

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