L’AMF s’inquiète de la résurgence de produits structurés complexes
L’AMF, l’autorité des marchés financiers, s’inquiète de la résurgence de produits structurés complexes proposés par les banques et institutions financières aux investisseurs...
PARIS, 26 mai 2010 (AFP)
mercredi 26 mai 2010, par AFP
L’AMF, l’autorité des marchés financiers, s’inquiète de la résurgence de produits structurés complexes proposés par les banques et institutions financières aux investisseurs, car ils peuvent menacer la stabilité des marchés financiers, selon un document publié mardi.
Ces produits, indique l’AMF,font l’objet d’une plus grande diffusion à une clientèle de particuliers, qui peuvent avoir plus de difficultés à comprendre les risques qui y sont liés.
Selon Thierry Francq, secrétaire général de l’AMF, ces produits "peuvent donner le sentiment d’obtenir des rendements élevés,avec peu de risques", alors qu’ils constituent surtout "le ferment pour des déboires futurs".
Parmi ces produits complexes, figurent notamment les "CoCos" (pour Contingent Convertible Capital) et les "Re-Remic" (pour Real Estate Mortgage Investment Conduits).
Le CoCo est une spécialité de la banque Goldman Sachs (2009), et est une forme d’obligation convertible en actions lorsque les fonds propres de la banque viennent à baisser sous un seuil réglementaire donné. Les Re-Remics sont un produit complexe de titrisation.
L’AMF s’inquiète également des risques découlant des changements dans le fonctionnement des marchés financiers, comme le développement des "dark pools" et du "trading haute fréquence".
Le "dark pool", littéralement "piscine sombre" est un système de négociation où les investisseurs passent des ordres dans l’anonymat et sans dévoiler le montant des opérations.
L’AMF pointe à ce titre "un contexte d’opacité croissante", qui ne favorise ni la formation des cours des valeurs sur les marchés ni un accès à l’information des différents acteurs.
Concernant le "trading haute fréquence" (highfrequency trading, THF), qui permet de réduire à minima le temps de passage d’un ordre d’achat ou de vente, le gendarme de la Bourse estime qu’il peut être "de nature à faciliter la mise en œuvre de stratégies manipulatoires ou contraires aux intérêts des clients".
Non seulement ce système rend plus difficile la surveillance des marchés, mais a "probablement favorisé certains intervenants", comme les traders spécialisés dans le THF, "au détriment des autres".
Par ailleurs, l’AMF dénonce d’autres risques menaçant les marchés financiers, comme les déséquilibres des finances publiques. L’AMF craint ainsi une hausse des taux d’intérêt sur les marchés obligataires, ce qui pèserait le financement des Etats.
Un autre risque, "plus modéré" selon l’AMF, est celui d’une concurrence accrue entre les émissions de dette, en provenance des Etats, des banques et des entreprises, les investisseurs devant alors faire des choix entre ces titres.
Face à l’ensemble de ces risques qui planent au-dessus des marchés, le président de l’AMF Jean-Pierre Jouyet a jugé mercredi que le dossier le plus urgent était "l’installation très rapide d’une agence européenne de régulation des marchés".
Mettant en avant la "réponse désordonnée" des Européens sur les ventes à découvert, M. Jouyet veut une agence "dotée de réels pouvoirs", insistant particulièrement sur la possibilité de "s’auto-saisir en quelques heures",afin de suivre le rythme des marchés.