Egg : C’est fini !

jeudi 15 juillet 2004, par Denis Lapalus

PARIS, 13 juil (AFP) -* Malgré plusieurs tentatives ces dernières années, les banques en ligne n’ont pas réussi à séduire les Français, à l’instar du britannique Egg qui vient d’annoncer son retrait.

Le groupe Egg, détenu à 79% par l’assureur britannique Prudential, a fait part dans un communiqué de son "intention d’entamer les démarches nécessaires à la fermeture de l’activité française".

Ce retrait devrait s’étaler sur dix-huit mois et coûter 170 millions d’euros. Dans le même temps, Prudential continue à chercher un acquéreur pour sa participation dans le groupe Egg, ajoute le communiqué.

Egg s’est installé en France en 2002 en rachetant pour 36 millions d’euros la banque en ligne française Zebank à ses fondateurs, le français Bernard Arnault et la banque franco-belge Dexia.

Le développement d’Egg France s’avérant beaucoup plus coûteux que prévu, sa maison-mère s’est lancé à l’automne 2003 à la recherche d’un partenaire pour participer aux investissements nécessaires. En vain.

Selon un proche du dossier, la banque en ligne britannique a investi au total près de 240 millions d’euros pour sa filiale française, y compris le coût d’acquisition mais hors le coût de fermeture et les pertes du deuxième trimestre 2004.

Au premier trimestre 2004, la perte opérationnelle d’Egg France atteignait 23 millions d’euros, contre 27 millions d’euros pour le trimestre précédent.

L’échec d’Egg France n’est qu’un exemple supplémentaire de la réticence des Français envers la banque virtuelle sans guichet. Dexia a ainsi renoncé à sa banque tout internet DexiaPlus, et le bancassureur belgo-néerlandais Fortis n’est pas non plus parvenu à implanter E-banking en France.

"La capacité d’adoption des Français à cette nouveauté a certainement été surestimée", a expliqué le proche du dossier.

Banque Directe, pionnière du secteur lors de sa création en 1994 par BNP Paribas, a été cédée en juin 2002 à l’assureur français Axa pour près de 60 millions d’euros. Elle n’avait jamais dégagé de bénéfices depuis sa création.

Rebaptisée Axa Banque, elle a permis à son nouvel actionnaire de compléter la gamme des produits offerts à sa clientèle. Disponible depuis l’été dernier, elle comptait 330.000 clients à fin 2003.

En effet, explique Jean-Laurent Granier, directeur général d’Axa particuliers et professionnels, "Axa Banque est une prestation de services à distance en complément d’un réseau d’agents généraux. Nous n’avons pas besoin d’investir pour aller chercher des clients, nous les avons déjà", ajoute-t-il. "Ce qui ne marche pas en France, c’est une banque sans réseau".

Une banque en ligne adossée à un assureur, c’est le modèle que les AGF (filiale de l’allemand Allianz) développent depuis octobre 2000 avec Banque AGF qui a réalisé en 2003 un résultat positif pour la première fois (15 millions d’euros). Elle compte 260.000 clients.

Installée depuis mars 2000, ING Direct France fait figure de rescapée. La filiale du bancassureur néerlandais ING n’a pourtant réussi à couvrir ses coûts pour la première fois qu’au premier trimestre 2004 (354.000 clients).

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