Comment la conférence COP26 changera-t-elle les habitudes de négociation des investisseurs ?
samedi 5 février 2022, par Dmytro Spilka
COP26
Tenue du 1 au 12 Novembre 2021, La COP 26 s’est tenue à Glasgow, un an plus tard que prévu en raison des retards causés par la pandémie de COVID. Au cours de cet événement, les dirigeants des principales économies se sont engagés à prendre des mesures énergiques pour lutter contre le changement climatique, notamment l’engagement des États-Unis à réduire leurs émissions de 50 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005.
Les implications pourraient être ressenties par les pays et les entreprises du monde entier. L’Union européenne et les États-Unis étudient tous deux la possibilité d’imposer une taxe d’ajustement aux frontières sur le carbone, qui s’appliquerait aux importations en provenance de pays dont les politiques climatiques sont moins ambitieuses.
Cette mesure pourrait bouleverser les calculs des entreprises mondiales qui évaluent leurs stratégies commerciales sur ces grands marchés et bouleverser les chaînes de valeur mondiales.
La Conférence COP 26 Va-t-elle Changer le Comportement et les Habitudes Commerciales des Investisseurs ?
L’inquiétude croissante pour l’environnement, l’existence avérée du changement climatique et ses conséquences dévastatrices, ainsi que les progrès technologiques ont entraîné une augmentation de la demande de ressources énergétiques alternatives.
En tant que tel, l’investissement dans les énergies renouvelables n’est plus considéré comme un effort purement philanthropique, mais comme une avenue rentable pour les investisseurs dans les énergies renouvelables qui recherchent de solides retours financiers sur le capital investi, tout en soutenant les entreprises soucieuses de l’environnement.
La pression des marchés financiers s’est également accrue. Des gestionnaires d’investissement tels que BlackRock, ainsi que des régulateurs financiers tels que la Réserve fédérale américaine, poussent les grandes entreprises à divulguer les émissions de leurs chaînes d’approvisionnement et à élaborer des plans de décarbonisation de leurs activités.
Dans le même temps, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) estime que la valeur des instruments d’investissement liés à la durabilité (tels que les obligations vertes) a atteint entre 1 200 et 1 300 milliards de dollars en 2019, signalant qu’il existe des opportunités pour les entreprises de capitaliser sur la poussée de la croissance durable.
Les Entreprises Mondiales augmentent Leurs Investissements Dans la Durabilité
Les investisseurs étrangers réagissent également à la baisse rapide des coûts et au potentiel de croissance important de la production d’énergie renouvelable, qui sera essentielle pour parvenir à une économie à faible émission de carbone. Alors que la pandémie a fait des ravages sur les marchés pétroliers, les données suggèrent qu’un changement radical s’est opéré en faveur des investissements dans les énergies propres.
Les investissements directs étrangers dans les énergies renouvelables ont totalisé 85,5 milliards de dollars dans le monde en 2020, atteignant de nouveaux sommets et éclipsant pour la première fois les investissements directs étrangers dans les combustibles fossiles.
Ce changement ne s’est pas limité aux économies développées : Les IDE dans les énergies renouvelables dans les économies en développement ont totalisé 17,6 milliards de dollars (à travers 142 projets), dépassant les 13,6 milliards de dollars annoncés dans les combustibles fossiles (à travers 42 projets), selon l’analyse des données de fDi Markets.
C’est dans cette même lancée que Maxim Manturov, responsable de la recherche sur les investissements chez Freedom Finance Europe, affirme que : "Tout d’abord, des accords tangibles ont été conclus lors de la COP 26, ce qui est encourageant. Pour la première fois, l’Inde s’est engagée à atteindre un niveau net zéro, mais en 2070.
Le charbon et les combustibles fossiles ont été mentionnés directement dans l’accord de la COP pour la première fois, les pays ayant accepté de supprimer progressivement les subventions au charbon et aux combustibles fossiles inefficaces.
Plus de 100 pays ont signé l’engagement pris par les États-Unis et l’Union européenne de réduire d’ici à 2030 les émissions de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020. Plus de 100 pays, couvrant plus de 85 % des forêts de la planète, se sont engagés à mettre fin à la déforestation d’ici à 2030. Ils ont approuvé les lignes directrices du marché mondial du carbone - un développement qui avait été retardé après la COP21 à Paris."
Un Défi et Une Opportunité Pour Les Pays en Développement
L’évolution vers la durabilité changera fondamentalement la façon dont les pays doivent penser à la compétitivité et à l’attraction des investissements. Alors que les entreprises multinationales cherchent à décarboniser leurs chaînes d’approvisionnement, les politiques vertes nationales robustes et les capacités des fournisseurs locaux peuvent devenir un argument de vente clé pour les investisseurs potentiels, car ils cherchent à leur tour à répondre aux normes de durabilité attendues par les consommateurs finaux.
Pour les pays en développement, la croissance rapide des secteurs verts - y compris les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie, les véhicules électriques, les bâtiments écologiques et le recyclage des déchets - offre des possibilités d’emplois qualifiés, de croissance de la productivité et de transformation économique.
Mais la possibilité pour les pays d’accéder à ces avantages dépendra de leurs objectifs et stratégies climatiques, de leur approche de la tarification du carbone, de l’accès aux financements pour leurs entreprises et d’un climat d’investissement favorable.