Les prévisions chocs de Saxo Bank pour 2026 : chute des cryptos, une IA devient CEO, crise de la dette tricolore...
Comme chaque année, Saxo Bank fait sa liste de cygnes noirs. Chute des cryptos, la sécurité cassée par les ordinateurs quantiques, Taylor Swift change la mentalité américaine, une IA devient CEO d’une multinationale, ...
mardi 2 décembre 2025, par Denis Lapalus
L’avenir n’arrive presque jamais en ligne droite. Qu’il s’agisse de technologie, de culture ou de politique, les changements et les évolutions se produisent souvent lentement, d’année en année. Puis, soudainement, tout s’accélère. Les Outrageous Predictions de Saxo se situent précisément dans ces moments de bascule. Il ne s’agit ni d’une opinion officielle ni d’une prévision, mais d’exercices de réflexion à faible probabilité et fort impact, conçus pour stimuler l’imagination et nourrir le débat sur ce qui pourrait se produire si le monde prenait une tournure inattendue.
Certes, les prochains chocs pourraient venir des domaines où tous les regards se concentrent déjà – l’intelligence artificielle ou la géopolitique. Mais la direction que ces forces pourraient prendre, et surtout leurs conséquences, restent impossibles à anticiper. Ailleurs, la révolution quantique pourrait rester un mirage... ou bouleverser profondément nos sociétés. Et les secousses géopolitiques ou culturelles pourraient s’avérer les plus déstabilisantes, surtout dans un monde miné par les inégalités.
Voici donc un tour d’horizon des huit développements « fous » qui pourraient marquer 2026.
- La fin des cryptos. Les cryptos décryptées ! D’abord, dans la technologie : imaginer l’arrivée du « Q-Day » en 2026, le jour où les machines quantiques seraient capables de casser sans effort les systèmes de chiffrement actuels. Les cryptomonnaies s’effondreraient, l’or bondirait à des niveaux à cinq chiffres, et banques comme gouvernements se précipiteraient pour rebâtir la confiance autour d’une nouvelle architecture de sécurité post-quantique. Les marchés réagissent immédiatement. Les cryptomonnaies sont les premières touchées. Les anciennes adresses Bitcoin deviennent vulnérables, poussant les plateformes d’échange à bloquer les retraits tandis que la panique s’installe. Le Bitcoin s’effondrerait presque à zéro. La peur se propagerait ensuite à la finance traditionnelle : la confiance envers les banques diminuerait, incitant à thésauriser du liquide et à acheter des actifs tangibles, notamment l’or et l’argent. L’or s’envolerait alors vers 10 000 USD l’once, devenant l’actif ultime « sans mot de passe ». Le choc déclencherait une réaction massive des autorités et des entreprises. Les acteurs majeurs du quantique publieraient des outils combinant puissance quantique et intelligence artificielle pour détecter les failles sur Internet. Mais il serait impossible de tout corriger en même temps : le monde découvrirait alors une vérité brutale – il est plus rapide de casser que de reconstruire. Face à la crise, les banques centrales ouvriraient des lignes de financement d’urgence, et les régulateurs imposeraient un « week-end de maintenance » mondial pour remplacer les verrous numériques des systèmes de paiement et d’échange. Les transactions reprendraient peu à peu, mais plus lentement et à un coût plus élevé. Les primes d’assurance bondiraient. Un accord du G20 fixerait des délais pour mettre à niveau tous les systèmes, des navigateurs jusqu’au matériel bancaire. Certains sortiraient gagnants du chaos : les coffres physiques pour stocker des sauvegardes matérielles, les nouvelles sociétés de cybersécurité spécialisées dans les « verrous incassables », les plateformes de gestion d’identité et de clés, ainsi que les banques traditionnelles disposant d’un solide réseau de distribution d’espèces. Les perdants seraient les cryptomonnaies les plus fragiles, les plateformes à portefeuilles « chauds » et toutes les entreprises reposant sur une sécurité insuffisante. Pourquoi une telle panique ? Parce que les attaquants pourraient exploiter immédiatement cette nouvelle capacité, alors que les défenseurs auraient besoin de plusieurs mois pour remplacer des décennies d’infrastructures – et que tous les messages et sauvegardes interceptés par le passé deviendraient lisibles.
- Au-dessus de nos têtes, les marchés financiers découvriraient un nouveau territoire : l’introduction en bourse de SpaceX dépasserait les mille milliards de dollars, faisant passer l’« économie spatiale » du slogan à la réalité comptable. La fabrication en orbite et les projets lunaires passeraient de la science-fiction aux comités d’investissement. Après plusieurs lancements supplémentaires de son système Starship démontrant la viabilité et la rapidité de réutilisation de ce nouveau lanceur géant, SpaceX procèderait à son entrée en Bourse, devenant ainsi l’entreprise nouvellement cotée la plus valorisée de l’histoire, avec une capitalisation bien supérieure à 1 000 milliards de dollars. La société annoncerait ensuite un calendrier de lancements ambitieux, capable de multiplier par cent la capacité annuelle d’envoi de charges en orbite basse (LEO). Elle ouvrirait également les réservations pour des missions vers des orbites plus élevées, la Lune et Mars, accumulant rapidement des réservations pour plusieurs milliers de milliards de dollars.
- Sur Terre, un modèle d’intelligence artificielle deviendrait directeur général d’une entreprise du Fortune 500, agissant sans ego et poussant les conseils d’administration à envisager l’impensable : un partenariat humain-machine au sommet. Une grande entreprise mondiale, bien connue du grand public, surprend les marchés en nommant un modèle d’intelligence artificielle, développé en interne, au poste de Directeur Général (CEO). Il ne s’agit pas d’un simple coup de communication : le conseil d’administration accorde à ce modèle un véritable pouvoir de signature, dans un cadre strict couvrant les dépenses d’investissement, la tarification, la logistique, le recrutement et la sélection des opérations de fusion-acquisition. Son mandat intègre trois objectifs fondamentaux : la rentabilité, la satisfaction client (Net Promoter Score – NPS) et la satisfaction des employés (eNPS), empêchant ainsi l’IA d’améliorer un de ces critères au détriment des deux autres. Les documents juridiques définissent cette IA comme un « système exécutif » placé sous le contrôle du conseil, avec un CEO humain officiel qui cosigne chaque décision. Toutes les actions passent par une table de validation à trois niveaux : 🟢 Vert pour les décisions automatisées, 🟠 Orange pour celles nécessitant une validation humaine, 🔴 Rouge pour celles soumises à un examen complet du conseil. Le président du conseil conserve un droit de veto, tandis qu’une équipe dédiée (« red team ») teste les aspects éthiques, d’équité et de cybersécurité. Le directeur financier, le directeur juridique et le directeur des ressources humaines partagent un rôle de cosignature afin d’assurer un contrôle financier, légal et culturel. La conformité couvre la protection des données, l’équité de marché et la protection du consommateur. Des limites de risque, protocoles de sécurité et un dispositif d’arrêt d’urgence encadrent le fonctionnement. Toutes les décisions sont consignées dans un registre d’explicabilité et reliées à un plan de gestion de crise, avec un suivi via des indicateurs tels que la rétention des employés, la sécurité, le NPS et le taux de dérive du modèle.
- Crise de la dette en France. Les marchés se sont retournés contre la France, entraînant une vente historique d’obligations d’État et forçant Paris à dévoiler un vaste plan d’austérité. Après des années de complaisance, les investisseurs exigent une véritable discipline budgétaire de la part de la deuxième économie de la zone euro. Sous la pression d’une attaque sur sa dette souveraine, la France promet de profondes réformes avant qu’il ne soit trop tard. Le scénario longtemps redouté par Bercy, s’est finalement concrétisé : les obligations d’État françaises ont été attaquées, obligeant le gouvernement à dévoiler, dans la précipitation, un plan de réformes profondes, proche de l’austérité, pour tenter de rétablir la confiance. En quelques jours, le rendement de l’OAT à 10 ans a bondi de 3,5% à près de 6% : des niveaux jamais vus depuis deux décennies. Le spread entre l’OAT et le Bund s’est élargi à environ 400 points de base, effaçant toute notion de convergence au sein de la zone euro. Le prix des CDS - Credit Default Swaps - souverains français s’est envolé, reflétant un marché qui intègre désormais le risque de défaut jugé impensable jusqu’alors. Les marchés font ce que la politique ne ferait pas. Tout est parti d’une adjudication d’OAT manquée, dans un contexte de croissance plus faible et de déficit budgétaire croissant. Les investisseurs ont jugé que le pays n’offrait plus de trajectoire crédible, ni budgétaire ni structurelle. Cette perte soudaine de confiance rappelle la crise britannique de 2022, lorsque le “mini-budget” de Liz Truss avait provoqué une vente massive de Gilts et forcé la Banque d’Angleterre à intervenir d’urgence. La France est maintenant confrontée à son propre « moment Liz Truss » : une prise de conscience dictée par le marché qui expose la fragilité de sa crédibilité budgétaire. L’ajustement a été rapide : les banques françaises ont vu leurs collatéraux perdre en valeur, les marges de financement se sont envolées, et les investisseurs internationaux ont cessé d’acheter les nouvelles émissions. Les marchés ont pris la main là où la politique temporisait...
- Ensuite, les marchés découvriraient que les changements culturels soudains peuvent aussi influencer l’économie. Un seul mariage – celui de Swift et Kelce – ferait basculer une génération entière, la détournant du « doomscrolling » pour la ramener vers les jardins, les mariages et les poussettes. Le taux de natalité et la formation des foyers bondiraient. Les économistes inventeraient un nouveau terme plein d’humour : le Swiftie Put.
- Sur le plan politique, la polarisation extrême des dernières années serait soudainement remise en cause : après des élections de mi-mandat marquées par des excès partisans, une majorité silencieuse d’indépendants réclamerait des réformes et un renforcement des institutions démocratiques. Trump resterait Trump, mais l’Amérique commencerait à aller de l’avant.
- En médecine, la version en comprimé des médicaments contre l’obésité à base de GLP-1 transformerait la santé humaine – et même animale. Les tailles diminueraient, les espérances de vie s’allongeraient, et les géants de l’agroalimentaire se réinventeraient pour un monde plus léger.
- Sur le plan géopolitique, la Chine testerait l’ordre monétaire mondial en lançant un yuan offshore adossé à l’or pour le règlement de ses échanges internationaux. Le dollar resterait roi, mais ne serait plus le roi.
- Enfin, malgré les promesses de l’IA bien encadrée, une réalité plus terre à terre surgirait : celle des IA mal conçues ou mal supervisées. Leurs erreurs massives coûteraient des milliers de milliards et donneraient naissance à une nouvelle profession : les « nettoyeurs d’IA », chargés de dépolluer le code de notre vie numérique.