Bourse : anticiper l’éclatement de la bulle de l’Intelligence Artificielle
Face aux quelques 1.000 milliards de dollars investis sur le secteur de l’Intelligence Artificielle ces dernières années, combiné à une euphorie irrationnelle, certains investisseurs anticipent désormais une correction violente du secteur à court ou moyen terme. Quelle stratégie ? Quelles tactiques ? Détails.
jeudi 9 octobre 2025, par Denis Lapalus
- IA : une bulle qui n’ rien d’artificielle
- Amortissement des puces IA
- IA : créateur ou destructeur d’emplois ?
- Des coûts engendrés par l’IA
- Les hedge fund attendent la baisse
- Attendre un signe de retournement !
- 👍 Réaliser ses plus-values !
- Vendre à découvert (actions ou ETF)
- ETF inverses et à effet de levier
- CFD et produits dérivés
- Options
- Futurs
Gagner en bourse, c’est anticiper. Lorsqu’une bulle financière est avérée, suivre la tendance pour un particulier investisseur, c’est être assuré d’avoir acheté trop cher, parmi les derniers, et de tenter de vendre, trop tardivement, à un cours fortement abaissé. Alors que la majorité des observateurs encense le secteur de l’IA, il apparaît prudent aux autres d’envisager l’explosion de la bulle financière autour de ce secteur. Cette même bulle financière autour de l’IA a été identifiée par la BCE et l’alerte a déjà été lancée. Ce n’est plus une question de savoir si une bulle financière existe sur l’IA, mais bien de savoir quand elle va éclater. Le paradoxe étant le plus souvent que lorsque la majorité s’attend à une forte correction des marchés, cette dernière ne se produit jamais de la façon attendue, puisque justement, tout le monde s’y attend. Il faut donc se préparer à un événement déclencheur qui poussera les marchés boursiers vers la baisse, peu importe ce premier.
IA : une bulle qui n’ rien d’artificielle
Intelligence Artificielle : un torrent ininterrompu de milliards de dollars d’investissements. Et si ce secteur n’était toujours pas rentable dans 4 ans ? Le secteur de l’IA partage, entre révolution pour certains, et nouvelle technologie ne répondant à aucun besoin d’usage général pour d’autres. Hormis quelques niches de développements évidentes pour l’IA : le traitement d’informations de masse, la recherche médicale, automatisation de tâches, etc. La question de la rentabilité de ces centaines de milliards de dollars investis sur ce secteur IA reste posée. Quel sera le modèle économique à terme ? Les consommateurs vont-ils durablement accepter de payer davantage pour ces services dopés à l’IA ? Au-delà des gadgets de photos/vidéos/musiques et textes générés automatiquement, dont on se passe rapidement, le modèle économique grand public de l’IA reste à bâtir. À horizon de quelques mois comme de plusieurs années, une phase de correction du « thème IA » paraît plausible si les attentes financières ne rattrapent pas les valorisations.
Et pourtant de plus en plus d’entreprises souscrivent des abonnements auprès d’IA génératives. Les chiffres avancés seraient une adoption à hauteur de 78% au sein des entreprises mondiales en 2024 (dans au moins une fonction au sein de l’entreprise, contre 55 % en 2023 (source McKinsey)). Un niveau d’adoption qui peut effectivement surprendre.
Amortissement des puces IA
Autre pièce à charge, l’amortissement comptable des investissements IA (notamment les puces IA à 100.000$ pièce) étaient amorties sur 6 ans par les acteurs du marchés. Après une première réduction sur 5 années, Nvidia a avertit ses clients que ses puces IA seront obsolètes seulement après 4 années. La durée d’amortissement comptable de ce type de matériel sera donc à aligner sur 4 années au lieu de 6. Autant dire que les entreprises IA auront encore d’autant plus de mal pour rentabiliser leurs investissements.
IA : créateur ou destructeur d’emplois ?
Elon Lusk, Sam Altman, etc. Les grands supporters de l’IA, sont sans appel sur ce sujet : l’IA sera destructrice d’emplois. D’un autre côté, plus proche de Wall Street, les études multiplient les publications indiquant l’inverse. L’on comprend aisément pourquoi. Là encore, cela milite d’un côté pour une tentative de preuve de la rentabilité de la technologie, basée avant tout sur réduction des frais et des coûts humains. De l’autre, une analyse financière, montrerait qu’après une vague de baisse de créations d’emplois, avec l’accroissement de la productivité, de nouveaux emplois seraient créés.
Des coûts engendrés par l’IA
Les entraînements des agents IA coûtent une véritable fortune. En 2024, 51 % du trafic web a été généré par des robots IA, selon Imperva, entraînant une charge financière importante pour l’ensemble des acteurs du marché. La multiplication des agents IA ne fait qu’ajouter des coûts, de nombreux médias décident donc de dérouter le trafic de ces agents IA. De même, près de 10% de la production électrique mondiale serait consommée par l’IA, conduisant à une hausse des tarifs de l’électricité aux USA. Un non-sens supplémentaire.
Les hedge fund attendent la baisse
A propos de l’intelligence artificielle, Paul Tudor Jones, fondateur et gestionnaire du fonds Tudor Investment, compare la situation actuelle du marché à celle du rallye ayant précédé l’éclatement de la bulle Internet. « Je pense que tous les ingrédients sont déjà en place pour une sorte de "croissance explosive" », a déclaré Jones sur CNBC le 6 octobre. « L’histoire a tendance à se répéter, donc je pense que quelque chose de similaire se produira à nouveau. Cette fois-ci, le potentiel de croissance est encore plus explosif qu’en 1999 ». Le milliardaire a souligné que la situation actuelle du marché rappelle la période juste avant l’éclatement de la bulle des dotcoms à la fin de 1999, lorsque les actions technologiques affichaient encore une forte hausse et les spéculations augmentaient. Jones a ajouté que les "transactions circulaires" et les schémas de financement parmi les fournisseurs dans le domaine de l’intelligence artificielle suscitent chez lui une certaine "inquiétude".
L’indice des actions technologiques Nasdaq Composite a augmenté de 55 % depuis avril, atteignant à plusieurs reprises des niveaux record. Ce sont les grandes entreprises technologiques qui ont joué un rôle clé dans cette augmentation, ayant investi des milliards de dollars dans le développement de l’intelligence artificielle, explique CNBC.
Comment jouer la baisse du secteur de l’IA ? Comme pour tout secteur, les investisseurs peuvent jouer aussi bien la hausse, que la baisse. Des produits financiers existent désormais afin de prendre position, même dans les deux sens en même temps, si l’investisseur le souhaite. C’est notamment le cas des CFD (Contrat For Difference). En cas de baisse du secteur de l’IA, le Nasdaq devrait évidemment baisser plus largement que les autres indices. Les sociétés les plus impliquées dans ce secteur seront les premières à voir leurs cours baisser fortement : Nvidia, Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet, Tesla, Meta, Palantir, Oracle, Broadcom, AMD...
Attendre un signe de retournement !
⚠️ Evidemment, il convient de rester investi sur le secteur de l’IA tant qu’aucun signe de retournement n’apparaît. Mais le but est bien de ne pas être le dernier à investir sur ce secteur !
👍 Réaliser ses plus-values !
Quand un investisseur anticipe un mouvement baissier de marché, la première des choses est, soit de réaliser ses bénéfices latents sur le secteur et donc de liquider sa position, soit de se couvrir financièrement. Compte tenu de l’envolée des actions IA (et ETF sectoriels), les plus-values ne doivent pas manquer. Réaliser ses profits est le plus souvent la plus sage des décisions, même si personne ne peut prévoir l’avenir, et par exemple, une continuation de l’envolée des cours. Réaliser des plus-values ne doit jamais être effectué avec regrets, car les plus-values latentes n’ont aucune valeur, seules les plus-values réalisées comptent !
Vendre à découvert (actions ou ETF)
Les investisseurs français peuvent, si leur intermédiaire financier le permet, vendre à découvert des actions, notamment US, ou encore investir sur des ETF shorts ciblant ce secteur. Certains ETF short à effet de levier sont même proposés, à l’instar de XS2779861835 (-3x Short Artificial Intelligence). Cette prise de position spéculative à la baisse sur ce secteur est évidemment à hauts risques. La position ne doit pas être prise par anticipation, les premiers signes de changement de tendance du secteur devant être évidents. Pour les investisseurs français, sur le marché actions, la vente à découvert peut passer par le SRD (pour les actions éligibles) ou un compte sur marge selon l’intermédiaire. Les ventes à découvert peuvent être réalisées simplement via les CFD (contrats de différence). Le risque de perte en capital peut excéder le montant investi.
ETF inverses et à effet de levier
Exemples de familles de produits : des ETF inverse sur Nasdaq-100 ou technologie, inverse sur semi-conducteurs (aux États‑Unis, il existe des ETF -2x/-3x ; en Europe, des trackers « daily short » sur Nasdaq/tech/semi sont listés). L’avantage est évident, investir sur un ETF reverse ne comprte pas le même risque que détenir une position short. Dans ce premier cas, le risque de perte en capital est bien plus limité, par ailleurs, le risque de liquidité reste relativement faible.
CFD et produits dérivés
Produits de Bourse en Europe (CFD, turbos put, warrants put, certificats bear) sont accessibles facilement aux investisseurs tricolores. Mais attention, il s’agit là d’investissements volatils, à fort risque de perte en capital.
Options
Si l’achat d’option PUT est une tactique ouverte à la plupart des investisseurs, la vente d’options est en revanche réservée aux investisseurs avertis. L’enjeu étant évidemment la couverture du risque de perte en capital.
Futurs
Investissements réservés aux investisseurs les plus avertis seulement, ayant une couverture financière conséquente. Les contrats futurs sont, comme les CFD, des produits financiers à appel de marge (ie, la perte en capital potentielle peut être largement supérieure au montant investi, un appel de marge est donc nécessaire afin que le courtier ne porte pas le risque de perte). La vente de contrats futurs sur le secteur IA (Nasdaq par extension) est actuellement majoritaire sur le marché, indiquant que les professionnels restent vendeurs. Le Nasdaq enchaîne de son côté record sur record, marquant ainsi l’effet de bulle. Les particuliers investisseurs sur les niveaux actuels risquent de le regretter amèrement.