Loi de finances 2013 / taxation du capital : Incompétence et hérésie économique
Taxer les dividendes et les revenus du capital au même titre que les revenus du travail, c’est réduire la prime de risque à zéro. Pourquoi les investisseurs continueraient-ils donc de prendre des risques ? Un droit chemin vers le chômage et la chute de la croissance.
mardi 2 octobre 2012, par Denis Lapalus
Le projet de la loi de finances 2013 n’est pas encore adopté, il doit faire l’objet de débats au parlement. Suite à la présentation de la liste à la Prévert des différentes mesures PLF 2013, la taxation du capital et des dividendes, au même titre que les revenus issus du travail, déclenche une vive polémique.
"Taxer le capital au même niveau que le fruit du travail" est un slogan politique bien rodé. Il trouve écho auprès du plus grand nombre d’entre nous. Cela semble logique.
Apolitique, ce slogan avait déjà été utilisé par la droite au pouvoir, il n’a eu que plus de puissance avec la gauche au gouvernement. Mais il n’en reste pas moins qu’une confusion importante réside dans l’esprit de nos concitoyens.
Les revenus du capital ne sont pas tous issus de la finance de marché !
"Revenus du capital" se rapporte, pour une part importante des Français, aux sommes astronomiques gagnées rapidement par quelques traders, dopés à coup de millions d’euros de primes. Ces derniers pariant par exemple sur les mauvaises récoltes de blé, provoquant une hausse des cours, et une famine encore plus dramatique. Ces gains abjectes sont immoraux, une taxation à outrance serait la bienvenue. Mais il n’en est rien, le nouvel impôt sur les transactions financières n’a pas encore mis fin au trading haute fréquence.
Tous les revenus du capital ne sont pas issus de la finance des marchés !
Quand le capital sert à la création d’emploi, au sein des entreprises privées, les taxer au même titre que le travail, c’est simplement se préparer à s’en passer ! Pourquoi les investisseurs prendraient-ils des risques pour au final percevoir les mêmes revenus sans prendre de risques ? Les revenus du capital des entreprises sont redistribués sous la forme de dividendes, les imposer trop fortement, c’est également décourager les entrepreneurs de se lancer. Autant qu’ils aillent créer ailleurs, dans des pays plus reconnaissant des risques pris.
Taxer les revenus de l’épargne au même titre que les revenus du travail ?
Taxer les intérêts des livrets épargne au même titre que ceux des revenus d’une activité salariée, pourquoi pas. Mais pourquoi alors dans ce cas laisser le livret A et le LDD libres de toute imposition ? Pis encore, en augmentant ainsi leurs plafonds de versement ? De toute évidence ce manque de cohérence est synonyme d’un aveu terrible d’incompétence. Seuls les plus aisés profiteront donc au maximum de cette niche fiscale poussée sur le devant de la scène. Aucune justice sociale pour ce point.
Gouvernement de droite ou de gauche : même combat, des décisions ubuesques, prouvant des incompétences économiques notoires
Droite ou gauche, nos dirigeants prouvent leur incompétence notoire en matière économique.
Plus habitués aux rouages des organismes publics qu’aux mécanismes de
capital-risque, nos politiciens n’ont d’ailleurs, pour 90% d’entre eux dans l’Assemblée, jamais collaboré au sein d’une entreprise privée. Un manque de représentativité du monde civil qui explique en partie ce manque de clairvoyance économique. Bercy comporte pourtant dans ses rangs des plus brillants cerveaux de notre pays, la politique prendrait-elle donc tant le pas sur le rationnel ?
Au pays des non-sens, la dernière information est encore plus cruelle : les dépenses de l’Etat sont prévues sur le budget 2013 en hausse de 0,3% ! Allez comprendre...