Les néophytes en bourse suivent souvent les listes des actions à fort dividende, sans toutefois prendre suffisamment de recul. Ils commettent alors ces erreurs de gestion, pourtant facilement évitables.
lundi 1er avril 2024, par Denis Lapalus
Les valeurs du CAC 40 ont fait mieux en versant 67,10 milliards d’euros de coupons, selon le Vernimmen, un chiffre en forte hausse de +19 % par rapport à 2022. Cette manne attire forcément les convoitises des investisseurs avides de gains rapides. Ainsi les médias ne cessent de faire miroiter des dividendes élevés, ne mentionnant pas toujours qu’acheter des actions juste avant le versement du dividende à venir n’a aucun sens. Le diable se cache parfois dans les détails... Mais là ce ne sont pas des détails.
Les dividendes, une clé pour gagner en bourse
C’est assez évident pour nombre de boursicoteurs, puisque les indices boursiers ne font que grimper sur le long terme, alors que les cours des actions sont erratiques. Les indices boursiers incluent les dividendes (seule exception le CAC40, mais cet indice n’est pas utilisé par les professionnels), c’est la raison de cette tendance haussière. Les néophytes pensent souvent que c’est en raison de la hausse des cours des actions, mais toutes les études montrent que c’est bien grâce aux dividendes que les indices boursiers grimpent. La hausse des cours des actions reste faible et le plus souvent, en deçà de l’inflation.
Quand la gestion passive passe à côté du meilleur
Logiquement, les investisseurs souhaitant se constituer un portefeuille boursier ne vont pas uniquement se laisser porter par des ETF généralistes. La gestion passive montre rapidement ses limites. Il ne suffit pas donc d’investir sur des ETF d’indices boursiers pour gagner sur le long terme, sans même ne rien comprendre aux marchés financiers. En fait, c’est même se préparer à ne pas gagner grand chose dans la plupart des cas. Tout dépend des périodes d’investissement, quand l’investisseur se met à investir régulièrement, et quand il stoppe ses investissements programmés. Le gain n’est aucunement garanti. L’année 2022 a fait plongé nombre de portefeuilles, et l’excellente année 2023 n’a fait que redressé la barre au niveau d’avant 2022. Ce sont donc deux années de perdues avec la gestion passive.
Gagner en bourse sur le long terme : seuls les dividendes le permettent !
Pour les investisseurs souhaitant miser sur la gestion active, et donc choisir des actions, se constituer un portefeuille d’actions, scruter les dividendes est évidemment la clé pour gagner sur le long terme. En investissant sur des indices boursiers, vous investissez potentiellement sur des actions qui ne versent aucun dividende. En choisissant les actions sur lesquelles vous investissez, le rendement de votre portefeuille actions n’en sera que plus élevé. Encore faut-il contourner les erreurs de gestion, que tout néophyte a commises.
| Actions (ISIN) | Rendement estimé (1) | Potentiel de hausse de l'action(2) | PER (3) |
|---|---|---|---|
| ENGIE (FR0010208488) | 7.72 % | + 18.53 % | 8.81 % |
| BNP PARIBAS (FR0000131104) | 6.98 % | + 14.48 % | 7.46 % |
| ORANGE (FR0000133308) | 6.89 % | + 18.91 % | 9.56 % |
| CREDIT AGRICOLE SA (FR0000045072) | 6.85 % | + 2.57 % | 7.55 % |
| AXA (FR0000120628) | 6.12 % | + 1.66 % | 9.74 % |
| STELLANTIS (NL00150001Q9) | 5.89 % | + 5.39 % | 4.71 % |
| CARREFOUR (FR0000120172) | 5.70 % | + 19.94 % | 8.27 % |
| BOUYGUES (FR0000120503) | 5.02 % | + 1.42 % | 10.78 % |
| RENAULT (FR0000131906) | 5.02 % | + 8.42 % | 3.75 % |
| TOTALENERGIES (FR0000120271) | 4.99 % | + 12.56 % | 7.64 % |
| Dernière mise à jour effectuée : 01-04-2024 6:51:22. Liste présentée triée par ordre décroissant du rendement estimé pour l'exercice fiscal à venir. Données purement théoriques. Le rendement réel pour l'investisseur dépend de son prix de de revient de l'action considérée ainsi que des conditions de marchés. (1) : Rendement sur l'année à venir (dividende à venir / cours à date)(2) : Si 0% est indiqué, c'est que le potentiel de hausse du cours du titre, selon les analystes, est épuisé. Potentiel de hausse de cours restante, selon les recommandations d'analystes publiées (source Factset/Boursobank)(3) : Price Earning Ratio | |||
Erreur n° 1 : acheter une action car elle va verser prochainement un dividende élevé
C’est l’erreur la plus commune, commise notamment par les lecteurs de la presse finanicère. La liste des 20 actions à plus fort dividendes de la place de Paris... Notre sélection des 20 actions les plus rentables du CAC40, etc. Ce type d’article est un vrai piège pou les néophytes. En effet, ils espèrent ainsi encaisser le dividende et pensent que le cours de l’action va continuer de progresser. Or, à chaque versement de dividende, le cours de l’action baisse mécaniquement du montant du dividende versé. C’est un fait de marché, les investisseurs ne sont pas stupides. Le dividende est déjà inclus dans le cours de l’action. Scruter les dividendes des actions est une action pour le long terme, mais certainement pas pour l’exercice passé ! Ce qui compte sont donc les dividendes espérés pour l’exercice suivant... Investir en bourse, c’est avant tout anticiper !
👉 Exemple concret : Paul a lu un article sur Internet indiquant que dans la liste des 20 actions à plus fort dividende du CAC40, l’action TotalEnergies est toujours bien positionnée. Il achète ainsi 100 actions TotalEnergies le 18 mars 2024, car l’article indique que la date de détachement est le 20 mars 2024. Il a bien compris que c’est la date de détachement du dividende qui compte afin de percevoir le dividende. Manque de chance, le dividende de cette action est versée par acomptes. Et au 20 mars, ce n’est qu’un acompte qui est détaché, pour mise en paiement le 3 avril 2024. Ce n’est pas grave. Le pire étant que Paul ne comprend pas pourquoi l’action TotalEnergies est en baisse le 20 mars (-1.71 %). Cette baisse n’est pas totalement liée au détachement du dividende, mais en partie, du montant de la valeur du dividende détaché. Ainsi, acheter l’action TotalEnergies uniquement pour son dividende proche à venir est une erreur de néophyte. Cela ne présente aucun intérêt.
Erreur n° 2 : les rendements affichés sur les sites boursiers sont purement théoriques !
Paul a compris son erreur, lié à un manque de vigilance. Il choisit donc maintenant d’investir sur 100 actions BNP Paribas, car il a lu que le dividende, versé en mai 2024, au titre de l’année 2023 sera de 4.60€. Mais c’est surtout le rendement affiché sur un site boursier qui l’a convaincu. Pensez donc, un rendement de 6.98% affiché pour l’action BNP Paribas. Paul pense ainsi placer son argent à près de 7%. Là encore, il aura tout faux.
Paul a désormais bien compris que le 21 mai 2024, date du détachement du dividende de 4.60 € de l’action, son cours devrait baisser d’autant, indépendamment de la variation quotidienne du cours. La mise en paiement de ce dividende aura lieu le 23 mai 2024.
Mais ce que Paul n’a pas compris c’est que le rendement évoqué sur le site boursier de 6.98% a été calculé sur un cours de l’action bien différent de son prix de revient. En effet, son prix de revient de ses actions BNP Paribas est de 68 €. Des frais de transactions faisant grimper son prix de revient. Ainsi, son investissement est 100 x 68 soit 6.800 €. Paul pense alors que son rendement sera de 6.76 % (au lieu de 6.98 %, ce qui reste largement acceptable). Mais là encore, il se trompe. Il n’a toujours pas vendu ses actions. Et si Paul ne vend pas ses actions au moins au niveau de son prix de revient, son investissement ne lui rapportera rien. Or le cours de son action BNP Paribas va potentiellement baisser de 4.60 € ce 21 mai, soit ce fameux - 6.96 %... D’où un souci. Ce qui compte est l’anticipation des dividendes à venir, et non pas de ceux déjà annoncés.