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Des nuages à l’horizon sur les marchés actions ? Si la tendance sur le long terme est haussière, à court terme une forte baisse n’est jamais exclue. Quelle stratégie adopter pour se couvrir d’éventuels trous d’air ?
Bourse : rien d’un long fleuve tranquille
La volatilité sur les marchés actions est plus élevée que sur les autres marchés (devises, immobilier, or, pétrole, etc.). Les investisseurs de long terme, détenant un portefeuille conséquent, via des ETF indiciels actions par exemple (MSCI World, S&P500, CAC40, Stoxx50, etc.) via un PEA, peuvent se demander comment mettre en place une couverture financière en cas d’anticipation d’une forte baisse des marchés actions (10%, 20%, 30%). Évidemment, cela ne concerne pas les épargnants investissant régulièrement (DCA). Le but de leur stratégie étant justement de bénéficier de ces creux de marché afin de moyenner le prix de revient à la baisse.
Les évidences
Nul n’est devin : Personne ne peut connaître à l’avance le point bas d’un mouvement baissier sur les marchés actions. La durée et l’ampleur de la baisse ne seront connues qu’après la tempête. De même personne ne peut déterminer avec suffisamment d’exactitude un point haut de cours pour un actif donné. Jouer donc sur ces extrêmes de cours revient à se livrer à des paris. Tout le contraire d’une démarche rationnelle en bourse. C’est aussi se préparer à une performance médiocre sur le long terme, car le hasard et les placements financiers ne font jamais bon ménage. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’en pleine tempête, laisser son bateau dériver, c’est également un risque de s’échouer rapidement, ou tout du moins, de s’écarter très largement de son cap de rendement. Une baisse de 20% appliquée à un portefeuille actions, cela peut conduire à 2 ou 3 années d’attente pour revenir au niveau d’avant crise.
Exemple d’impact d’une mauvaise année boursière, l’année 2022 : un investisseur ayant un portefeuille PEA investi sur l’indice SP500 (via un ETF) d’un montant de 100 au 1er janvier 2022 constaterait un rendement annualisé de 2% brut sur son portefeuille à fin 2023, malgré la forte hausse de +26% en 2023. En ôtant l’inflation, le rendement de son portefeuille serait donc négatif, loin du taux annualisé de 8% historique sur ces 30 dernières années. Cette forte baisse de l’indice en 2022 de -18% a lourdement impacté le portefeuille, et ainsi fait perdre plusieurs années d’investissement au moins 3 années d’investissement.
Couvrir un portefeuille est source de frais : mettre en place une couverture financière a un coût. Il s’agit en effet d’investir sur des actifs financiers dont les cours réagissent à l’inverse de ceux du portefeuille à couvrir. Le gain relatif étant que la valorisation globale du portefeuille (actifs + couverture) ne variera pas (ou plus faiblement), même en cas de forte baisse du marché. Mais si l’investisseur opère correctement son débouclage de sa couverture, il peut également empocher des plus-values significatives, en acceptant une prise de risque double, lors du débouclage de cette dernière.
DCA : circulez, rien à voir !
Investissement régulier (DCA) : rien à faire ! Pour les investisseurs adeptes de la stratégie consistant à moyenner systémiquement le prix de revient de leur portefeuille, en investissant toujours la même somme à des intervalles de temps régulier sur les mêmes actifs financiers (ETF S&P500 par exemple), rien n’est à faire, même en cas d’anticipation d’une forte crise. Au contraire ! En effet, cette stratégie vise justement à s’affranchir des variations des cours à la hausse comme à la baisse pour viser un prix de revient moyen du marché. Stratégie au global moyennement performante, mais ne nécessitant aucune intervention. Couvrir son portefeuille avec cette stratégie d’investissement serait contre-productif.
Couvertures et stratégies d’investissement
La mise en place d’une couverture (hedger une position en franglais) sur un portefeuille d’actions est rarement effectuée par des particuliers investisseurs. Pour trois raisons :
la mise en place d’une couverture financière peut être complexe selon les actifs détenus,
le recours à un compte-titres est généralement nécessaire (ETF spécifiques non éligibles au PEA, recours à un produit optionnels, etc.) et induit une complexité fiscale supplémentaire dont il faut tenir compte,
la stratégie d’investissement (DCA, dos rond, etc.) ne nécessite justement aucune couverture financière.
Ainsi, ces investisseurs ne mettant aucune couverture financière en place accusent la baisse (application de la stratégie du "dos rond"), et tentent souvent de racheter à des cours inférieurs aux prix de revient de leurs titres détenus. C’est la stratégie de moyenne à la baisse, souvent perdante en cas de crise, car comme indiqué dans les évidences, personne ne peut savoir si le point bas a été atteint, tant qu’un mouvement durablement haussier n’est pas marqué. C’est pourquoi, en période de doutes, les professionnels, de leur côté, couvrent leur portefeuille contre les risques de forte baisses.
Stratégie du "dos rond" : ce n’est pas véritablement une stratégie ! L’investisseur laisse dériver son portefeuille, sans intervention face à la baisse du marché. Ainsi, il ne réduit pas son exposition aux risques, il ne vend aucune ligne. L’argument avancé étant que son horizon de placement est de long terme. Durant la crise, il place alors son épargne disponible au fil des mois sur un fonds sécurisé (fonds monétaire, livrets, compte à terme, fonds euros, etc.) en attendant que la tempête passe. Au final, il peut avoir perdu une ou plusieurs années d’investissement. La durée de la tempête peut excéder une année entière. La baisse de valorisation de son portefeuille, qui peut avoir perdu 20% ou plus, aura alors réduit à néant des efforts de plusieurs années. Une action de sa part aurait permis de sauver une partie de cette perte latente.
PEA : réduire son exposition aux risques, le premier bon réflexe
Certaines "études" indiquent que les investisseurs ont avantage a toujours être investis. D’autres indiquent le contraire. En fait, tout dépend des périodes de référence prises en compte et du timing des interventions. Ce qui reste certain est que, comme personne ne peut prédire l’avenir, anticiper reste la seule bonne option. Or, quand le temps se gâte, sans pour autant sortir totalement du marché, réduire son exposition aux risques semble être le comportement rationnel. Ainsi, l’investisseur peut limiter ses risques de pertes. La contrepartie étant qu’il peut réduire ses gains potentiels si, au final, la tempête n’éclate pas. Et pour la partie du portefeuille restant exposée aux risques de baisse du marché ?
Sécuriser son capital sur un PEA : afin de réduire son exposition aux risques de marché, il suffit à l’investisseur de céder une partie des ses investissements. L’avantage du PEA étant que la partie cash reste disponible, dans le cadre du PEA. Comme un désinvestissement ne constitue pas un retrait du PEA, aucune fiscalité ne sera appliquée. Ainsi, les prélèvements sociaux ne seront pas ponctionnés. C’est important car ce montant pourra donc bien continuer à être mobilisable pour des investissements futurs. Les prélèvements sociaux seront réglés lors des retraits effectifs du cash du PEA.
Le PEA ne propose aucun placement sans risque. Les classiques Sicav monétaires ne sont pas éligibles au PEA, n’investissant que sur des obligations et non pas des actions. Toutefois, des fonds éligibles au PEA, avec des risques réduits, proposent des fonds ayant un comportement proche des sicav monétaires. Ainsi, l’on peut citer :
Fonds éligibles PEA, défensifs
ISIN
Frais de gestion
Amundi Sérénité PEA
FR0011408350
0,48 %
AXA PEA Régularité C
FR0000447039
0,23 %
FCP PEA Court Terme (Natixis)
FR0000982969
0.05 %
PEA : Actions détenues en direct
Afin de protéger des titres vifs détenus en direct au sein d’un PEA, peu de solutions acceptables existent pour se couvrir. Une solution souvent évoquée serait d’avoir recours à une vente à découvert (SRD) sur ces mêmes titres. Cela nécessite un compte-titres, des frais supplémentaires (transactions + SRD). Si les actions détenues appartiennent toutes au même indice, par exemple, CAC40, l’investisseur pourra suivre une stratégie de couverture sur la base d’un ETF reverse indiciel sur le CAC40, en pondérant son exposition. Le mieux, comme toujours, reste de réduire son exposition, en vendant une partie des titres détenus.
Une alternative, réservée aux investisseurs avertis, est de recourir à l’achat d’une option put sur les actions détenues. Cela nécessite un compte-titres, et surtout, de détenir des lignes de montants conséquents pour que la mise en place de cette couverture soit réellement utile.
PEA : les ETF ne sont pas toujours nos amis
Prisés pour leur frais acceptables, les ETF sont désormais proposés sur tous les indices américains, même au sein d’un PEA. L’avantage étant que les ETF reverse (ou short) existent également. L’idée est de se couvrir contre une éventuelle baisse du CAC40 (ou tout autre indice) tout en conservant une partie de son exposition à cet indice via le PEA. En investissant dans un ETF Reverse à Levier, vous cherchez à générer des profits si le marché baisse, compensant ainsi les pertes potentielles sur votre PEA. Ces derniers permettent donc très simplement aux investisseurs souhaitant jouer le scénario d’une baisse des marchés, ou de couvrir leurs positions existantes. Toutefois, recourir à des ETF inverse (short), sans effet de levier, afin de couvrir un portefeuille ETF n’est pas pertinent. En effet, il faut alors investir autant de capital pour financer la couverture que le capital investi à couvrir. Cela n’a que peu de sens.
ETF Reverse : Un ETF qui a pour objectif de fournir des rendements inverses à ceux d’un indice sous-jacent. Si le CAC40 baisse de 1%, un ETF Reverse sur le CAC40 augmentera de 1% (ou plus, selon le levier).
ETF avec Levier : Un multiplicateur de performance. Un ETF à levier 2x amplifiera les mouvements du marché sous-jacent par un facteur 2. Attention, cette amplification fonctionne dans les deux sens (hausse et baisse).
Cas concret : Kévin a un portefeuille détenu sur son PEA comprenant 125 K€ d’ETF SP500 et 40 k€ sur différentes actions du CAC40. Il anticipe une baisse des marchés actions US à venir durant quelques mois seulement. Il souhaite donc couvrir son portefeuille US, mais que partiellement son portefeuille exposé aux marchés européens. Il sait que les marchés US influencent largement les marchés européens, mais pense que la baisse sera moins marquée en Europe. Kévin ne souhaite pas sortir du marché, convaincu que resté investi reste la meilleure solution. Ainsi, plusieurs solutions se proposent à lui pour couvrir son portefeuille :
se couvrir via des ETF Reverse SP500 et ETF Reverse CAC40,
se couvrir via sur des ETF Reverse SP500 et CAC40 avec effet de levier,
se couvrir via des produits optionnels SP500 (option),
se couvrir via des ventes à découverts (actions CAC40).
Risque de change euro/dollar ? Kévin sait pertinemment qu’en investissant sur le marché actions américain (SP500), il s’expose à un risque supplémentaire : celui d’une évolution défavorable du taux de change EUR/USD. Toutefois Kévin minore ce risque et ne souhaite pas se couvrir sur ce point. Afin de calculer au plus juste sa couverture sur des produits financiers cotés en dollars, il devra tenir compte du taux de change EUR/USD lors de la mise en place de sa couverture.
Composition du portefeuille à couvrir
Encours
Indice de référence
Proportion à couvrir
Baisse anticipée
Horizon
125.000 €
S&P 500
100%
-20 %
3 mois
40.000 €
Actions CAC40
40%
-10 %
6 mois
Couverture via des ETF reverse (short)
La couverture via des ETF Reverse simple (sans effet de levier). Cela nécessite de mobiliser un capital important. En effet, afin de couvrir son portefeuille, Kévin doit achète des ETF cotés en dollars d’un montant équivalent à celui investi en euros. La complexité étant que ces ETF reverse ne seront probablement pas éligibles au PEA. Kévin devra alors avoir recours à un compte-titres. Là encore, cela complique un peu plus le montage, puisque la fiscalité sur le compte-titres est prohibitive (flat tax). Il convient d’en tenir compte.
ETF
Capital à couvrir en €
Allocation équivalente en $
Nombre de titres
Xtrackers S&P 500 Inverse Daily Swap UCITS ETF 1C
125.000 €
139.088 $
19684 ETF
Taux de change euro/dollar au 15/09/2024. Calculs effectués sur la valeur liquidative de 7.04$ de l’ETF indiqué.
Ainsi, pour couvrir totalement ses 125.000€ investis en S&P500 sur son PEA via un ETF spécifique, Kévin doit se couvrir à hauteur de 139.088 $ sur un ETF Reverse sur le S&P500. Il mettra en place en investissant Ainsi, en cas de baisse sur le S&P500, la plus-value latente de l’ETF Reverse viendra compenser la moins-value latente sur l’ETF S&P500. Dès lors que Kévin souhaitera revendre sa couverture, et donc retrouver une pleine exposition au S&P500, il doit considérer que la fiscalité sur cette plus-value, à hauteur de 30% car ces titres étaient détenus sur un compte-titres. De toute évidence, cette stratégie de couverture n’est pas pertinente, compte-tenu du capital entrant en jeu. Les frais engendrés sont également à considérer.
Couverture via des ETF reverse (short) avec effet de levier
Les émetteurs de fonds ont entendu les remarques des investisseurs et ont donc émis des ETF reverse avec effet de levier. L’idée est alors que le montant de capital à mobiliser pour couvrir un portefeuille soit moindre, selon le levier. Un ETF x2 va doubler la variation de son indice de référence, un ETF x3 tripler, etc.
Concrètement, pour l’exemple donné, l’investisseur ne devra plus alors débourser 138.000 $ pour couvrir totalement son portefeuille mais seulement la moitié vie un ETF Reverse avec effet de levier 2. Mais attention, l’effet de levier fonctionne dans les deux sens, à la baisse, tout comme à la hausse.
Ainsi, en théorie, Kévin peut investir 69.000$ dans ETF reverse S&P500 pour couvrir totalement sa position de 138.000$. Mais là encore, l’on voit que le capital à mettre en œuvre reste conséquent. C’est pourquoi recourir à des produits financiers optionnels, possédant des effets de levier plus conséquents est généralement effectué.
Sélection ETF Reverse
Sélection ETF : Sélection ETF Reverse éligibles au PEA
Données indicatives uniquement. Sélection de fonds référencés sur FranceTransactions.com, ne représente évidemment pas l'ensemble des offres du marché (liste non exhaustive). Les fonds sont des actifs financiers à risque de perte en capital. Les avis et notes sont indiqués librement par les lecteurs du site, sans vérification et sans pondération de représentativité de la population nationale, de ce fait, ces avis ne sont pas représentatifs des épargnants français et n'ont pas valeur de sondage.
Couverture via des options
Les investisseurs avertis préféreront cette solution, plus complexe, mais de loin la plus performante. L’idée serait donc d’investir, via un compte-titres, sur des options de vente (PUT) sur l’indice S&P500. Une option put donne à l’acheteur le droit, mais non l’obligation, de vendre un actif sous-jacent à un prix prédéterminé (prix d’exercice) avant une date d’expiration. L’investisseur revendra cette option avant son échéance. La prime versée pour acquérir ces options sont perdues. Cela constitue les frais de couverture. Des stratégies plus complexes, mais nécessitant des comptes d’investisseurs spécifiques (acceptant les appels de marge), permettent de mettre en place des stratégies d’options afin de couvrir ces frais (achat d’option put et vente d’options call).
L’avantage des options est le fait que la valeur temps est considérée. Si pour un achat d’ETF reverse, l’investisseur peut conserver sa couverture durant plusieurs années (ce qui ne présentera aucun intérêt), les options ont une date d’échéance. Cette dernière doit donc coïncider avec la fin de la tempête boursière redoutée.
Le prix d’exercice de l’option à choisir sera le prix de revient moyen du titre détenu en portefeuille. Ainsi, pour l’indice S&P500, si le niveau actuel est de 5465 points, opter pour un prix d’exercice à 5465 serait pertinent. Plus le prix d’exercice est proche du prix actuel, plus la protection est forte. La prime à payer pour l’option est alors plus élevée.
Couverture via des Turbos Put
Les turbos sont des instruments financiers dérivés, également optionnels, qui permettent de tirer parti des mouvements de prix d’un actif sous-jacent avec un effet de levier. Ces produits financiers sont également réservés aux investisseurs avertis. Le fonctionnement des produits optionnels étant plus complexe que celui de simples fonds. Tout comme pour les options, les turbos proposent des effets de levier différents selon les émetteurs. Si les options appartiennent à un marché réglementé, les turbos sont des produits dérivés dont le cours et le prix peuvent varier selon les émetteurs (market maker).
Déterminer la Quantité de Turbos nécessaires (ou calcul de couverture) : Il faut calculer le nombre de turbos Put nécessaires pour couvrir le portefeuille. Par exemple, pour le portefeuille de Kevin, 125.000 € investi dans le S&P 500 et que chaque turbo put a un effet de levier de 10 (parité), il ne faudra donc que 12.500 € de capital à investir sur le turbo choisi. Le prix d’exercice (ou knock-out pour un turbo) sera choisi en fonction de la plus-value latente du portefeuille à protéger.
Dans le pire des cas, c’est à dire le déroulé d(un scénario contraire à celui anticipé, soit une hausse du S&P500, le coût de la couverture sera celui de l’achat des turbos. Dans le cas où la chute du S&P500 se produit effectivement, les plus-values des turbos viendront compenser les pertes latentes constatées sur le portefeuille.
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